Entre slam et rap : L’espoir contagieux du Nîmois Caspar Roth

Bel album, le premier, du Gardois Caspar Roth, alias Caspy. Ni rap ni slam mais un “discours clamé” plein d’espoir envers les générations futures. Sa mère, l’écrivaine Ysabelle Lacamp, explique comment l’écriture irrigue toute la famille, à commencer par le grand-père de Caspy, jadis grand reporter et cofondateur de l’AFP…

Paix. “Beau travail, tant au niveau du texte, de la mélodie, des visuels et chorégraphies. Bravo 👏🏾” : le commentaire posté sur You tube de l’extrait de son premier album est au niveau de la production de Caspar Roth alias Caspy : laudateur. À juste titre.

Entre slam et rap. Ni slam ni rap, dans un style bien à lui, façon “discours clamé”, dit-il, Caspar Roth, par ailleurs comédien, qui a vécu dans le Gard jusqu’à ses sept ans, est un vrai caméléon qui est d’ailleurs le titre – à une lettre près : Kaméléon – de son premier album autoproduit que l’on trouve depuis février sur toutes les plate-formes de musique à télécharger (1). “Caméléon, cela me correspond bien : sur l’album j’endosse la peau de plusieurs personnages. Dans ma musique aussi : j’emprunte des musicalités différentes. Et j’aime les collaborations multiples.”

“Ce n’est pas le monde qui sombre c’est ce qu’on en a fait…”

Caspar Roth est enfant des Cévennes gardoises et fils de son écrivaine gardoise de maman, Ysabelle Lacamp. Tous deux ont au moins un point commun : l’écriture. L’une publie des livres, lui des chansons. “Cette chanson, je l’ai écrite entre Nîmes et Paris où je vis en alternance”, dit Caspy à propos de P.A.I.X. Toutes proportions gardées, un maître de la chanson bien avant ce jeune homme de 27 ans avait composé une magnifique ode, La Mer, Charles Trénet, dans un omnibus entre Narbonne et Sète… Dans le train, on s’évade, on s’abandonne à l’essentiel. Pour Caspy, c’est celui d’un espoir revendicatif, un espoir contagieux. Très beau et très pro, le clip a été réalisé par Malcom Zola et y apparaît la danseuse Rose Wayman.

Qu’on écoute les phrases percutantes de P.A.I.X. où s’il est certes question de “crocs”, “cailloux” ou de “canons de tanks” c’est pour mieux mettre en valeur une philosophie en rien mielleuse : “À nous de créer le monde de demain” ; “le futur est à nous” et même pas si “uniquement on a des sous”. Où il est question du joli mot de “fraternité”. Et une conclusion mobilisatrice : “Ce n’est pas le monde qui sombre c’est ce qu’on en a fait…” Ce titre et cet album qu’enchante la kora cet instrument africain qui “vous fait changer de galaxie”, sont d’un espoir contagieux.

“Ce que je chante c’est un espoir mais un espoir combatif”

Caspar Roth, par ailleurs comédien, acquiesce. Il confie : “J’aime écrire mais je n’aime pas… lire !”, dit celui qui a fait des études d’histoire et de communication “que je n’ai pas terminées. J’ai eu un accident. Mais c’est ce qui m’a permis de me lancer dans la musique. Ce que je chante c’est un espoir mais un espoir combatif”. Il y exprime que la paix est dans la main des générations actuelles. “Mais attention, cela s’accompagne quand même par des propos dénonciateurs. On n’est pas dans un monde de Bisounours…”

“Quand quelqu’un a des facilités ou un don pour le dessin, on dit : “Ah”… ; pour la musique, on dit : “Oh”… Ce n’est pas évident”

Ysabelle Lacamp

Sa mère, Ysabelle Lacamp, fille de Max-Olivier, Lacamp, grand reporter et cofondateur entre autres de la prestigieuse agence AFP, rappelle que les racines gardoises, entre Saint-Roman Monoblet, sont très importantes pour son fils, Caspar Roth. “Il y a vécu jusqu’à ses six ou sept ans et il est très attaché à cet esprit des “montagnes” cévenoles.” L’écrivaine confie également que “cette envie d’écriture est une transmission de son grand-père même s’il ne l’a pas connu. Son avenir a longtemps été incertain. Ce n’est facile pour personne de s’exprimer son côté artistique ou créatif. Quand quelqu’un a des facilités ou un don pour le dessin, on dit : “Ah”… ; pour la musique, on dit : “Oh”… Ce n’est pas évident.”

Il ne me surprendrait pas qu’il fasse une incursion dans le domaine de l’image. Il y a aussi un phénomène de vase communicants…

Ysabelle Lacamp ajoute : “Petit, Caspar aimait les figures rhétoriques et c’est un très bon comédien ! Ce n’est pas un dilettante. Moi-même, plus jeune, j’ai été une ardente défenseuse justement de l’éclectisme : j’écrivais des livres, je chantais… Caspar est éclectique. Il ne me surprendrait pas qu’il fasse une incursion dans le domaine de l’image. Il y a aussi un phénomène de vase communicants…”

“Je choisis de suivre un fleuve…”

Avec ses quatorze premiers titres de l’album Kaméléon, qu’il a écrit et réalisés en quelques mois seulement, depuis l’urgence du premier confinement, Caspar Roth exprime sa “philosophie : je choisis de suivre une sorte de “fleuve”. Je vis au jour le jour ; cela ne veut pas dire que je me tourne les pouces mais je saisis les opportunités qui sont sur mon chemin…” Le fleuve du temps qui passe et des rencontres qui nous dépassent pour que l’on se surpasse, de l’urgence à vivre enfin en paix. Qui fut mon premier mot et qui sera mon dernier.

Olivier SCHLAMA

En chansons avec Dis-Leur !