Enfance : Le sommeil en question, avec Nadège Pétrel

Photo Cheryl Holt de Pixabay

Mais alors, qui se lève la nuit quand bébé pleure ? Quelles sont les excuses de celui qui ne se lève pas et qui est-il majoritairement ? Quelle est la charge mentale de chacun, au sein du couple parental ? L’Ifop a les réponses (lire plus bas). Mais pour commencer par une note plus positive, voyons ce que l’infirmière-puéricultrice et conseillère spécialisée dans la petite enfance, la toulousaine Nadège Pétrel, suggère dans son livre : 50 clés pour aider un enfant qui ne veut pas dormir

Pouvez vous nous présenter votre activité sur le site internet Un amour au naturel ?

Je suis maman de deux enfants et je suis infirmière puéricultrice depuis 15 ans. Je suis passionnée par le développement de l’enfant et la compréhension de ses émotions. J’ai à cœur d’accompagner les parents dans leur quotidien et de pouvoir répondre à eurs questions et difficultés éventuelles.

Je propose donc des ateliers et consultations autour de différentes thématiques, pour lesquelles je suis formée : le portage physiologique, le massage bébé, la communication gestuelle associée à la parole, le yoga pour enfant, le sommeil du tout petit. J’accompagne également les professionnels de santé et de la petite enfance qui souhaitent se perfectionner ou même se former sur ces thématiques là. Je réactualise moi-même mes connaissances avec des formations régulièrement.

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Quelle a été votre motivation au moment de vous lancer dans cette aventure ?

Ma motivation première c’est tout simplement mon propre vécu de maman et tous les questionnements que j’ai pu avoir au cours de ces dix dernières années. Je suis également engagée dans la défense des droits des enfants, qui me tient énormément à cœur.

Et étant une femme hypersensible, il était important pour moi de pouvoir transmettre toutes les informations et connaissances que j’avais à ma disposition aux parents pour qu’ils aient une relation la plus douce et apaisée possible avec leurs propres enfants. Chaque formation que j’ai suivie, je les ai d’abord suivies pour mes propres filles et ma propre famille. En les mettant en application ce furent de véritables révélations que j’ai eu envie de transmettre aux familles.

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Pourquoi le sommeil constitue-t-il un sujet si souvent angoissant pour les parents ?

Le sommeil du bébé et du jeune enfant est une véritable préoccupation pour les parents. La première question que l’entourage pose à des jeunes parents c’est de leur demander si le bébé fait ses nuits, même s’il est né il y a tout juste deux semaines.

Il se joue vraiment quelque chose autour du sommeil. Et le problème c’est que la plupart des adultes ont des attentes qui ne correspondent pas du tout à la physiologie du sommeil de leur enfant. Il était donc important pour moi de pouvoir leur donner les informations nécessaires pouvant les aider à mieux comprendre le mécanisme du sommeil afin d’être plus apaisés et de déculpabiliser.

Après “Partager le meilleur avec mon enfant”, y’a-t-il eu une raison particulière pour vous inciter à écrire ce livre “50 clés pour aider un enfant qui ne veut pas dormir” ?

A la base, dans le livre Partager le meilleur avec mon enfant, je souhaitais qu’il y ait tout un chapitre sur le sommeil de l’enfant. Ma maison d’édition m’a conseillé d’en faire un livre à part et c’est ainsi qu’est né 50 clés pour aider un enfant qui ne veut pas dormir. Cet ouvrage rencontre un réel succès, puisqu’il a été numéro un des ventes sur Amazon pendant deux semaines et qu’il est également classé à ce jour dans les meilleures ventes sur le site Cultura.

Il répond donc à une véritable problématique du quotidien des jeunes parents. Il a vraiment été pensé pour que chaque clé apporte une information, un conseil ou encore une activité à mettre en place à la maison. Il n’est donc pas nécessaire de le lire d’un coup. Pour trouver la réponse dont nous avons besoin, il suffit de se rendre à la page qui y correspond. C’est aussi ce qui fait sa particularité et qui plaît beaucoup aux parents.

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Quelle est la différence entre le sommeil de l’enfant et celui de l’adulte ?

Il y a trois grandes particularités qui différencient le sommeil de l’enfant de celui de l’adulte : Tout d’abord, les cycles du sommeil sont beaucoup plus courts. La durée d’un cycle pour un bébé entre 0 et 2 mois est de 50 minutes, puis il passe à 60 minutes entre 2 à 6 mois. Il augmente à environ 70 minutes à partir de 6 mois, pour terminer vers l’âge de 3 ou 4 ans à un cycle d’une durée entre 90 et 120 minutes.

On comprend donc qu’il y a donc beaucoup plus de micro-réveils potentiels chez un bébé en comparaison avec un enfant de 4 ans. Il est donc normal qu’ils ne fassent pas leur nuit comme les adultes l’entendent.

Ensuite les cycles sont composés différemment. Plus l’enfant va grandir et plus le sommeil lent va se développer. C’est à partir de 3 – 4 ans seulement que le sommeil lent très profond arrivé. Pour terminer, chez le jeune enfant il y a ce que l’on appelle des parasomnies : c’est à dire par exemple qu’ils peuvent avoir des terreurs nocturnes, faire du somnambulisme, du bruxisme, avoir une énurésie…

On remarque donc que chez le bébé, tout est fait pour qu’il y ait des réveils. Il n’y a donc rien d’anormal à cela. Il est donc important que les parents arrêtent de se mettre la pression.

Est-ce qu’il y a des “erreurs” fréquentes chez les parents face au refus de dormir ? De “mauvaises habitudes” à supprimer ?

Alors oui, il y a des petites choses que j’ai appelé « les ennemis du sommeil » dans mon ouvrage 50 clés pour aider un enfant qui ne veut pas dormir : il y a par exemple la présence d’une lumière trop importante, trop forte qui viendrait inhiber la mélatonine, qui est elle-même nécessaire pour le sommeil de l’enfant. Il va donc être préférable de mettre une lumière tamisée, indirecte et orangée une heure avant l’heure du coucher.

Il y a également les écrans qui vont être à éteindre une heure également avant le coucher car leur lumière bleue inhibe également la mélatonine. Ensuite inutile de coucher les enfants sans avoir passé un temps de qualité avec eux, même si ce n’est pas sur une grande durée. Ils ont besoin d’interactions avec leurs parents et de remplir leur réservoir affectif pour diminuer leur cortisol dans le corps.

Il est également important d’éviter de crier ou de se fâcher juste avant d’aller se coucher également pour ne pas faire augmenter le cortisol avant de s’endormir. Il peut être intéressant également de ne pas se coucher tout juste après manger mais bien d’avoir un petit temps de digestion entre les deux.

Ensuite, il sera nécessaire de ne pas trop couvrir votre enfant au moment d’aller au lit et d’avoir une chambre qui n’ait pas une température trop élevée. Vous pouvez donc aérer la chambre avant que votre enfant ne se couche et penser à lui faire retirer les chaussettes avant de rentrer dans son lit. Il y a comme cela tout un tas de petites astuces très faciles à mettre en place dans le quotidien que je développe dans mon livre.

Ne pas subir l’influence de l’entourage… Photo DR

De quelle façon peut-on aborder au mieux le passage du “co-dodo” à l’enfant seul dans son lit ?

Avant toute chose, je pense que c’est vraiment important que ce soit un véritable choix de la part des parents et non pas qu’ils s’y sentent forcés dû aux remarques de l’entourage. En effet, bon nombre de parents essayent le changement de lit sous la pression extérieure et cela mène à l’échec. Si les parents ne sont pas convaincus que c’est ce qu’il y a de mieux pour leur enfant cela ne fonctionnera pas.

Ensuite, il va falloir investir la chambre de l’enfant. C’est à dire y aller régulièrement en journée, pour jouer et passer du temps agréable dans cette pièce. Il est important que pour l’enfant sa chambre soit un lieu de plaisir dans lequel il se sente bien pour pouvoir s’endormir en toute sécurité et de façon rassurée.

Les parents vont alors pouvoir créer un rituel pour leur tout-petit : ils peuvent choisir de lui chanter une chanson douce, de lui faire un massage, de lire une histoire, d’écouter une relaxation… tout est possible en fonction de leurs envies et de ce qu’ils ont envie de mettre en place. Ce rituel a vraiment une très grande importance pour l’enfant et il sera important de le réaliser tous les jours dans le même ordre au même moment de la journée.

Les vacances d’été viennent de se terminer. Avant les prochaines, quels conseils pour les parents dont l’enfant n’arrive pas à dormir lorsqu’il n’est pas chez lui ?

Lorsqu’un enfant n’est pas chez lui il est important d’anticiper au maximum les nuits qui seront effectuées en dehors de la maison. C’est à dire parler et expliquer à l’enfant comment sera le lieu où il va dormir, ne pas hésiter à décrire la chambre, à passer devant en voiture si c’est possible.

Ensuite l’idée va être de garder un maximum de repères pour l’enfant : on va donc essayer de garder au maximum le même rituel, prendre son doudou s’il en a un, le coucher à la même heure… Il sera également important de prendre le temps que bébé s’approprie les lieux surtout si c’est nouveau. Laissez lui donc le temps de s’investir la chambre en journée également.

Début octobre, vous organisez une retraite pour femmes hypersensibles. Vous avez également abordé l’hyper-sensibilté sur votre blog, est-ce une problématique de plus en plus présente ?

Je ne suis pas sûre que ce soit une problématique qui soit de plus en plus présente, en revanche c’est un sujet dont on parle de plus en plus et beaucoup de personnes découvrent leur haute sensibilité. Il me semble donc important de pouvoir accompagner ces femmes dans la découverte d’elle-même et de leurs émotions.

Cette retraite entre femmes est vraiment faite pour qu’elles puissent s’accorder du temps pour elles, prendre soin d’elles et mieux comprendre leur propre fonctionnement. Étant moi-même hautement sensible c’est un sujet qui me tient beaucoup à cœur.

J’imagine que vous ne manquez pas de projets pour la suite ?

Oui bien sûr, il y a toujours plein de projets dans ma tête. Un prochain livre verra le jour le 10 novembre 2022. Il y aura également, normalement, la création de formations pour les professionnels. Ensuite bien évidemment il y aura toujours les accompagnements et consultations pour les parents, ainsi que de nouvelles retraites pour les femmes…

Propos recueillis par Philippe MOURET

Ce que révèle l’étude de l’Ifop :

Ce n’est pas une surprise, la charge mentale liée au sommeil de l’enfant revient toujours plus à Madame qu’à Monsieur. C’est aussi une source de dispute récurrente, et ce d’autant que la fatigue s’accumule.

Les chiffres clés de l’étude (*) :

  • 78% des mères se lèvent plus souvent la nuit que leur conjoint, 44% étant même les seules à le faire.
  • 83% des femmes veillent au respect des horaires de coucher contre 54% des hommes.
  • 63% des parents ont mis en place un roulement pour les réveils nocturnes, mais seules 25% des femmes estiment que ce roulement est équilibré.
  • Les mères se lèvent deux fois plus rapidement (4,5 minutes) que les pères (8 minutes) lorsque leur enfant pleure la nuit.
  • 55% des pères ont déjà fait semblant de dormir en espérant que leur conjoint(e) se lèverait pour s’occuper du bébé.
  • 69% des pères ont déjà dormi en dehors du foyer contre à peine une mère sur deux (51%).
Les femmes beaucoup plus impactées par le sommeil des enfants… Photo DR

Les femmes sont donc, de loin, celles qui sont les plus concernées par la charge mentale liée au sommeil des jeunes enfants. Elles se lèvent non seulement plus souvent et plus rapidement lorsqu’ils pleurent la nuit, mais sont également plus impliquées dans les différentes phases de préparation du coucher. Une inégale répartition qui entraîne fréquemment son lot de reproches et de disputes au sein des couples.

Afin de permettre aux deux parents de se reposer équitablement, nombreux sont les couples qui établissent un roulement pour répondre aux réveils nocturne de leur enfant. Près de 2/3 des parents (63%) disent avoir adopté un tel système.

Toutefois, moins d’un tiers des personnes interrogées (31%) estiment que ce roulement est équilibré. Quant à la perception de cet équilibre, il diffère grandement selon le genre des répondants : 40% des pères affirment que c’était le cas contre seulement un quart (25%) des mères. C’est parmi les plus jeunes parents que l’équité semble la mieux respectée : 48% des pères et 40% des mères âgés de 18 à 24 ans disent que c’est leur cas.

La gestion du sommeil de leur enfant a déjà été la source de disputes pour les deux tiers (66%) des parents. Les pères étant légèrement plus nombreux à en faire état que les mères. La qualité du sommeil du bébé influe considérablement sur la survenue de ces brouilles dans le couple : 81% des mères dont l’enfant se réveille plus de 4 fois par nuit disent s’être déjà disputées avec leur conjoint à ce sujet.

“Cette étude montre que, non seulement, les mères se lèvent bien plus souvent que leur conjoint, mais également qu’elles assument plus largement la charge mentale liée à la préparation du sommeil de leurs jeunes enfants. Au sein même de cette charge mentale, les inégalités de répartition se creusent selon leur nature : elles sont moins importantes lorsqu’il s’agit de changer la couche ou de lire une histoire que lorsqu’il faut faire face à une urgence, à une situation imprévue. Dans ce cas, c’est la femme qui intervient”, commente Louise Jussian, chargée d’études au pôle Genre, Sexualités et Santé sexuelle à l’Ifop.

(*) Enquête menée par l’Ifop pour Sleepyz.fr du 5 au 22 août 2022 par questionnaire auto-administré, auprès d’un échantillon de 1 001 personnes, représentatif de la population de parents d’enfants de moins de 3 ans.

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