Emploi : Malgré la crise, les patrons anticipent la reprise

Selon l’enquête annuelle de Pôle emploi Occitanie, les souhaits d’embauche ne baissent que de 3,6 % en 2021 et concernent surtout des emplois durables en CDI ou CDD de plus de six mois. Dans la région, très touchée par la saisonnalité et le trou d’air de l’aéronautique, les métiers des services concentrent 60 % de ces intentions. La santé fait, elle, une entrée remarquée, avec les infirmiers, dans le top 10 des métiers les plus recherchés.

Regardons le verre à moitié plein. “Malgré la crise, les entreprises d’Occitanie sont prêtes à s’investir et à embaucher des emplois durables, en CDI ou en CDD de plus de six mois en 2021”, explique le directeur régional de Pôle Emploi, Thierry Lemerle. Chaque année, Pôle emploi lance une vaste enquête dans le pays pour cerner les besoins des entreprises et leurs difficultés à recruter certains profils. L’enquête a porté entre octobre et décembre 2020 sur 178 020 “établissements” dont 43 650 ont répondu.

Crise sévère dans l’aéronautique, tourisme et la culture

Thierry Lemerle, directeur régional de Pôle emploi, à gauche. Ph. DR.

Compte tenu de la crise, Pôle emploi a comparé les intentions d’embauches de 2021 avec celles de 2019 et non pas de 2020, année cahotique. Il en ressort que les entreprises régionales émettent 24 6580 projets de recrutement en 2021, soit une baisse de 3,6 % (soit : 9 340 offres en moins) par rapport à 2019 (27 232 86 projets), notamment dû à la crise sévère dans l’aéronautique et du tourisme et de la culture. Alors que les intentions d’embauche progressent, elles, de 1,1 % en France : cela est aussi dû, dans notre région, à la très forte saisonnalité des emplois : plus d’un tiers de ces intentions sont liés à des emplois saisonniers. Avec trois départements dont le taux d’intentions d’embauche saisonnières dépasse les 60 % : P.-O. et Aude pour le tourisme et la Tarn-et-Garonne, notamment pour la culture des fruits et légumes.

L’Occitanie compte 605 100 chômeurs, dont 355 000 sont indemnisés à fin décembre 2020 (3,67 milliards d’euros par an versés), pour un taux de chômage de 9,3 %. “Nous avons lancé trois plans d’action à l’intention des secteurs du bâtiment, de la santé et de l’hôtellerie, cafés, restaurants”, exprime Thierry Lemerle. Parmi les dix métiers les plus recherchés : aides à domiciles et aides ménagères, aide-soignants, agents d’entretien… Et les infirmiers entrent pour la première fois dans ce top 10. En écho avec la crise sanitaire. À contrario, les ingénieurs et l’informatique les métiers de sortent de ce palmarès des métiers les plus recherchés. Le secteur de l’hôtellerie-restaurant est toujours présent.

60 % des intentions sont issues du secteur des services

Géographiquement, la Haute-Garonne et l’Hérault concentrent 41 % des intentions d’embauche de la région. En revanche, “petite révolution cette année”, l’Hérault (50 872) grille la première place à la Haute-Garonne ; le bassin toulousain, à cause toujours du poids de l’aéronautique propose 10 % de postes en moins cette année.

Par ailleurs, 60 % de ces intentions sont issues du secteur des services, plus gros pourvoyeurs de postes. Au total, trois entrepreneurs sur dix se disent prêts à embaucher cette année. Mais attention : certains patrons d’Occitanie disent toujours avoir des difficultés à embaucher. Quelque 105 540 projets d’embauche seraient jugés difficiles à pourvoir. Horaires décalés, pénibilité physique, déficit d’image, diplômes très pointus introuvables, difficultés d’accès… Les raisons sont nombreuses. Mais ce taux a un peu baissé, passant de 45 % à 43 %. Et le responsable des statistiques de l’Insee Occitanie d’ajouter que “20 % des entreprises qui ont l’intention de recruter auraient recruter davantage sans la crise et que 19 % de celles qui ne recrutent pas auraient embauché sans la crise”.

Les patrons français prêts à recruter

En dépit des incertitudes et des difficultés, les patrons français en général se disent prêts dans ce sondage à recruter massivement en 2021. Leurs “projets d’embauche” au niveau national atteint 2,723 millions au niveau national. Dans près de deux cas sur trois, les souhaits des chefs d’entreprise concernent des embauches de longues durées en CDI ou CDD et surtout elles sont à pourvoir dans des sociétés de moins de 50 salariés, les plus optimistes, mettant sur le marché près de 70 % des projets de recrutement, avec en tête les services, les services aux entreprises et l’industrie.

Les métiers les plus recherchés au niveau national ? Viticulteurs, arboriculteurs salariés, agents d’entretien. Serveurs et emplois dans les cafés, restaurants se situent en 3e position mais la demande est nettement moins forte, et on le comprend, qu’en 2019. Les arts et l’animation sont quelque peu en berne. A noter un engouement remarquable pour les aides-soignants et les infirmiers, comme partout en France. a noter aussi que la moitié des futurs employeurs interrogés pensent qu’ils auront du mal à embaucher, notamment, comme chaque année, à cause des profils inadéquats des candidats à l’embauche.

Olivier SCHLAMA

À lire aussi sur Dis-Leur !