Eco-pâturages : symphonie pastorale au coeur des villes

Eco-pastoralisme à Montpellier. photo R.-M.

Les moutons sont entrés dans Paris ! Mais aussi dans Montpellier ou Toulouse… Depuis le 12 avril, quarante moutons, quatre chiens et un berger ont investi la zone verte des Argoulets, à Toulouse, pour une expérimentation d’éco-pâturage. Une méthode alternative pour l’entretien des espaces verts qui fait des émules dans les villes. Montpellier pour sa part renouvelle l’expérience…

Deux pâturages en pleine ville : jusqu’aux grandes chaleurs de juillet, Montpellier confie l’entretien de deux de ses espaces verts à des moutons et à des chèvres, pour le plus grand bonheur des promeneurs, des enfants, de l’écologie et des finances de la ville.

C’est la réponse du berger à la bergère : un an après sa première expérience réussie d’éco-pâturage dans le nord de la ville, à Malbosc, voilà que Montpellier embrasse à nouveau l’éco-pastoralisme, en y ajoutant un deuxième site, côté sud, dans l’agriparc du Mas Noguier. Ouverts au public, ces deux pâturages urbains s’étalant sur 21 hectares, accueilleront, jusqu’au 15 juillet, leur troupeau de brebis, leurs chèvres et leurs chiens de berger. Jusqu’aux grosses chaleurs estivales. Le pâturin sera alors devenu trop rare, le liseron et l’herbe, trop secs.

Qu’est-ce que c’est ?

Une bergère et 50 moutons… Photo R.-M.

L’éco-pâturage, ou l’éco-pastoralisme, est une technique vieille comme le monde, qui avait été abandonnée après la deuxième guerre mondiale, à la faveur de la tonte mécanique et des percées phytosanitaires. Dans le sillage du Grenelle de l’Environnement, depuis un peu plus de cinq ans, l’éco-pâturage revient en force, en France : quelque 300 collectivités y ont recours. On trouve ainsi des moutons au pied des Invalides, à Paris.

Des troupeaux en location

Pour l’heure, dans le domaine rural du Mas Noguier, à quelques mètres des façades modernes des nouveaux quartiers des Grisettes et d’Ovalie, cela sent encore la pluie et l’herbe froissée, les vignes et les oliviers. Autant dire que l’inauguration du deuxième pâturage urbain de Montpellier a fait des heureux, hier : cinquante moutons, six chèvres alpines, cinq chiens de berger et deux poneys Shettland ont pris possession des lieux, sous l’oeil mi-inquiet, mi-réjoui des enfants du quartier qui ont appris, avec la bergère, à faire une clôture humaine, pour les brebis.

Le domaine rural du Mas Noguier, éco-pâturage à Montpellier. photo R.-M.

La première d’une longue série d’animations ludiques et pédagiques autour de ce troupeau loué, tout comme celui de Malbosc, à la ville par la société Ecozoone. Pour en prendre soin et le guider, un berger ou une bergère sera présent 24h sur 24h. Une surveillance assidue qui doit aussi permettre de limiter les actes d’incivilité. L’année prochaine, ce sera l’association « Les compagnons de Maguelonne » (à qui le domaine est en passe d’être vendu) qui gérera, le cas échéant, son éco-pâturage.

Pour quoi faire ?

Amener des animaux de la campagne dans la ville, pour qu’ils entretiennent les espaces verts, c’est un pari gagnant, tant pour ce qui est des finances, que de l’écologie : préservation de la biodiversité (on ne remplace pas la flore locale par du gazon), pas besoin de débroussailleuses, finies les émissions polluantes et les énergies grises, exit le bruit et, par ailleurs, les frais sont plus que raisonnables (la location d’un mouton, pendant une saison, coûte environ 50 euros). L’intérêt pédagogique et ludique est manifeste.

Par ailleurs, l’éco-pâturage permet « d’empaysager » la ville différemment, tout en décloisonnant un peu le monde rural et citadin. Enfin, c’est aussi une façon de répondre au désir urbain d’une campagne fantasmée, bucolique et sans aspérités. Les paysans sont trop souvent oubliés par les politiques, voilà peut-être un premier pas pour retrouver le chemin de la terre…

R.-M.