Déserts médicaux : La Région a déjà trouvé 40 des 200 médecins à salarier

“La santé est la première préoccupation des Français après le pouvoir d’achat (…)” et “notre défi, c’est la santé du quart d’heure pour un généraliste et une demi-heure pour l’hôpital”, a formulé Carole Delga, présidente de la Région, qui investit aussi massivement dans les hôpitaux de la région. La collectivité n’a pas obligation de le faire “mais quand l’Etat ne fait pas, les régions le font”... En mobilisant 133 M€

L’achat massif de masques pendant la pandémie de covid a prouvé que les régions sont plus réactives que l’Etat. Qui mieux que cette collectivité pour compléter ce que “l’Etat ne fait pas”, pour éviter que les “intercommunalités ne se fassent concurrence en matière de santé” ? Carole Delga et Vincent Bounes, présidente et vice-président de la région Occitanie, y répondent sans hésitation par la “politique du faire”, a qualifié le second. En embauchant deux cents personnels soignants dont 90 % seront des médecins généralistes pour combler les déserts médicaux. Le restant étant des infirmières et sage-femmes.

Des jeunes, retraités, des médecins en fin de carrière…

Également responsable du Samu de Haute-Garonne, Vincent Bounes précise : “Une quarantaine de médecins se sont déjà manifestés (on peut candidater ICI). Certains sont en fin de carrière ; quelques-uns sont retraités ; ne voulant pas abandonner leur territoire, ils travailleront à temps partiel ; il y a aussi des jeunes.” Tous seront salariés par la région Occitanie, via un GIP (Groupement d’intérêt public), dans des dizaines de centres de santé que la collectivité va créer “là où les besoins se font le plus sentir (…) Et ils ne seront pas en concurrence avec la médecine libérale. Ils seront aussi là où certains médecins sont aussi au bord du burn out, par exemple. Ces candidats sont des médecins habitant aujourd’hui au-dessus de la Loire, en région parisienne et dans le Nord de la France.”

Ils ne veulent pas ou plus travailler 70 heures ou 80 heures par semaine ; privilégient la qualité de vie de 35 heures en quatre jours. C’est la liberté”

Carole Delga

Ce sont des médecins salariés “qui ne veulent pas ou plus travailler 70 heures ou 80 heures par semaine ; qui privilégient la qualité de vie de 35 heures en quatre jours, par exemple. C’est la liberté”, note Carole Delga. La liberté, aussi, de ne pas se noyer sous la paperasse, les crédits, les loyers, les employés. Car, “c’est nous, la région, qui nous occuperons de tout. Ils ne feront que de la médecine. C’est un choix de vie. Et puis beaucoup de médecins adorent la montagne”, renchérit Vincent Bounes. “La région Val-de-Loire a été pionnière puis Rhône-Alpes et maintenant l’Occitanie. Nous proposons des conditions de rémunération approchantes. Notre défi, c’est la santé du quart d’heure pour un généraliste et une demi-heure pour l’hôpital”, a formulé Carole Delga.

Un centre de santé ouvrira chaque mois en moyenne

“Nous allons ouvrir un centre de santé par mois en moyenne sur le mandat, dont deux en juillet et deux en septembre prochains. Le premier sera ouvert à Sainte-Croix-Volvestre (Ariège). Tout ceci est une promesse de campagne qui se concrétise huit mois à peine après notre élection. Je suis très agréablement surpris”, se félicite Vincent Bounes. La collectivité va dépenser 133 M€ pour aider l’hôpital public et les établissements d’enseignement de santé. Dont 30 M€ issus du fonds européen Feder.

La première préoccupation après le pouvoir d’achat

“La santé est la première préoccupation des Français après la question du pouvoir d’achat”, a rappelé la présidente de la région Occitanie. Il est très difficile parfois d’avoir un médecin référent et d’obtenir un rendez-vous médical.” Sans parler de “certains petits hôpitaux qui ne respectent plus les normes en vigueur”. C’est pour cela que “nous avons décidé d’investir”. Et pour répondre à cette offre de santé défaillante participant d’un “climat anxiogène” ambiant.

Les Régions demandent à s’occuper des hôpitaux

“Les régions de France, dont le suis présidente, demandent, par ailleurs, qu’elles puissent s’occuper des hôpitaux locaux – de l’aspect immobilier – comme elles le font avec les lycées depuis les années 1980, en gardant une politique de santé nationale. Et qu’elles aient la coprésidence de ces hôpitaux avec l’Etat et les élus locaux au plus près des réalités de la vie locale. Le ministère de la Santé est l’un des plus centralisé de France. Toutes les décisions se prennent à Paris. J’avais, par exemple, demandé d’augmenter davantage de places de kinés, cela m’a été refusé. Alors qu’en Occitanie, il y a un vrai besoin…”

Une enveloppe dédiée de 133 M€

C’est avec cette enveloppe de 133 M€ que la Région Occitanie participe au tour de table de la reconstruction de trois hôpitaux : Millau-Saint-Afrique (Hôpital Médian Sud-Aveyron : 9 M€) d’une part Montauban (23 M€) et Auch (18 M€) dont le Premier ministre a validé récemment le projet. “Nous participons également à la création d’une sorte de pépinière au CHU de Montpellier pour 17 M€, c’est un projet économique lié à l’innovation dans la santé”, a commenté Carole Delga (1)

Formation aux premiers secours

Vincent Bounes n’a pas oublié de relancer son projet de “sauver des vies” : “Nous avons déjà 60 organismes formateurs partenaires pour former les lycéens aux premiers secours. Sauvez votre mère, votre grand-mère…” Lors de la campagne des régionales, Carole Delga avait annoncé vouloir consacrer 900 M€ à la santé sur le mandat, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI. Et entre autre, organiser une “journée d’appel aux premiers secours pour tous les jeunes”, financée via la carte jeune et en lien avec la Croix Rouge, la Protection civile, les SDIS… “C’est fondamental, avait insisté Vincent Bounes. Il y a autant de morts subites que de morts du covid en France parce que les gens ne savent pas quoi faire. Il y a des gestes de premier secours à apprendre. J’ai une fille lycéenne de 17 ans. Il faut protéger cette jeunesse…”

Olivier SCHLAMA

  • (1) En lien avec l’Université de Montpellier, le CHU de Montpellier porte la création de la plate-forme CARTIGEN destinée à développer la recherche dans le domaine du mouvement, de la mobilité et des bioprothèses grâce à l’utilisation de nouvelles technologies d’imagerie et d’ingénierie tissulaire. Et 6,4 M€ de fonds européens sont déployés par la Région pour accompagner ce projet sur le volet matériel de pointe (imprimantes 3D, IRM, plate-forme d’analyse et de rééducation du mouvement, etc.), le recrutement de personnels et réhabilitation des locaux.
  • Dans le cadre du projet de modernisation et d’extension de l’IFMS du CHU de Montpellier, la Région déploie également une aide financière conséquente avec au total près de 9 M€.
  • Enfin, dans le cadre de la mobilisation de fonds européens via l’initiative REACT-EU pour soutenir les investissements des hôpitaux en matériels et aménagements dans les services d’urgence et de réanimation, la Région devrait consacrer près de 1M€ pour la réhabilitation du département d’anesthésie-réanimation du CHU, ainsi que 480 000 € pour améliorer la prise en charge des patients au sein du service des urgences.
  • Enfin, aux côtés de la métropole de Montpellier, la Région participe à la réalisation du projet Med Vallée, qui ambitionne de créer un pôle de classe européenne en matière de santé, d’environnement, d’alimentation et de bien-être, avec à la clé, par exemple, la conception de nouvelles solutions et d’innovations dans le diagnostic médical, la qualité de l’air, l’agroécologie…
  • La Région a d’ores et déjà financé des projets, dont celui porté par l’Université de Montpellier sur Med pour la création du Groupement pour la Recherche Appliquée Innovante avec les Entreprises THERXCELL (317 000 €). Elle s’est également engagée dans le fonds financier partenarial doté de 15 M€ renouvelables, abondé à parts égales par l’Etat, la Région et la Métropole, pour appuyer les projets structurants portés dans le cadre de Med Vallée.