Départements : L’Ariège communique pour mieux dénoncer

Une campagne de communication combative pur l'Ariège.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le “pacte de confiance” voulu par l’Etat avec les départements ressemble, pour de nombreux élus locaux, à un marché de dupes. Face à un projet de loi de Finances qui, selon de nombreux élus, étouffe les collectivités locales, l’Ariège et son président, Henri Nayrou sonnent la révolte.

« Département 09 attaqué = Services ariégeois en danger ». Tel est le message de la campagne de communication lancée cette semaine par le Président du Conseil Départemental de l’Ariège pour dénoncer les « attaques perpétrées par le gouvernement contre les budgets des Conseils Départementaux ».

Henri Nayrou, président du Conseil départemental de l’Ariège. Photo D.-R.

Pour Henri Nayrou, les contraintes budgétaires contenues dans le projet de loi de finances 2018 et appliquées dès cet exercice 2018 (la fameuse règle de la limite de l’augmentation maximale des dépenses de fonctionnement à 1,05 %)
entraînent automatiquement un recul des services publics assurés par la collectivité.

« Le budget primitif 2018 était équilibré et prévoyait une augmentation de nos dépenses de fonctionnement à hauteur de 3,3 millions d’euros. En changeant la règle du jeu en cours de partie, le Gouvernement nous oblige à limiter cette augmentation à 1,7 M€ soit 1,6 M€ de dépenses à ne pas engager. Croyait-il que ces dépenses étaient inutiles ? Non, nous sommes des élus responsables et ces dépenses correspondent à des réponses aux besoins des Ariégeoises et des Ariégeois qui vont donc pâtir directement de ces décisions injustifiées ».

Tous les domaines de compétence sont touchés

Et de rappeler le poids de la dette de l’Etat dans la balance de la dette publique nationale, quand le département de l’Ariège apparaît comme le deuxième département le moins endetté de France ! (*) Concrètement, tous les services du Conseil Départemental ont dû reprendre leur budget pour identifier les 1,6 M€ de dépenses à « économiser ». Tous les domaines de compétence sont impactés : prise en charge des prestations à domicile pour les bénéficiaires de la PCH (prestation de compensation du handicap), entretien des bords de routes ou des espaces verts, subventions aux associations, indemnités des élus, périodicité du magazine départemental… Aucune piste ni aucun service n’a été épargné.

« Nous sommes des élus responsables, insiste Henri Nayrou. Nous respectons la loi et l’appliquons. Nous refusons cependant d’endosser le rôle que nous impose le Gouvernement. Nous sommes responsables mais pas coupables de cette situation ! » La campagne de communication “Département 09 attaqué” sera déclinée sous la forme d’autocollants apposés sur les véhicules du Conseil départemental, de banderoles destinées aux bâtiments publics ou encore d’affichettes. De même, les papiers à en-tête arboreront désormais le visuel « Danger » pour marteler le message et toucher les citoyens ariégeois.

Face à diverses formes d’absolutisme, la France a connu les Jacqueries, les Etats généraux, etc. L’initiative de l’Ariège pourrait faire boule de neige et inspirer d’autres collectivités locales…

Philippe MOURET

(*) Avec un taux d’endettement à 24 euros par habitant, contre 483 euros par habitant en moyenne. Et les élus du Conseil départemental ont décidé à l’unanimité, en février dernier, de baisser leur indemnité de 3%.