Débat : C’est au tour des députés de descendre dans l’arène

Corrida... Photo Patrick GANTZ de Pixabay

Une délégation de treize toreros professionnels, dont 7 venant d’Occitanie (six de Nîmes et un de Béziers), sera présente devant l’Assemblée nationale ce jeudi 24 novembre, tandis que sera discutée dans l’hémicycle la proposition de loi déposée par le député LFI Aymeric Caron, visant à interdire la corrida en France…

Dans un communiqué de l’AMTF (association des Matadors de Toros français), il est précisé que “cette proposition de loi met en péril leur activité professionnelle, autant que l’économie du Sud, l’écologie taurine et son exception culturelle.”

“Loin de l’image de cruels barbares, ces matadors tiennent à rappeler leur sensibilité au bien-être animal. Le taureau brave, également appelé taureau de combat, est un animal élevé en liberté, nourri à l’herbe et aux compléments alimentaires respectant un cahier des charges strict, dans le but principal de participer à des spectacles de tauromachie. Ces spectacles qui réunissent d’ailleurs des milliers de personnes, d’enfants aux seniors, chaque été dans les arènes du Sud de la France d’Est en Ouest…”

Sur le site Le Monde, de jeunes toreros parlent : https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2022/11/12/devant-la-menace-d-abolition-de-la-corrida-de-jeunes-toreros-piques-au-vif_6149546_4500055.html

Les “pour” et les “contre” se sont affichés à Nîmes

Comme c’est régulièrement le cas (*), le débat fait en effet rage depuis quelques semaines, autour de la corrida. Et chaque camp a tenté de marquer les esprits. Ainsi, mercredi 16 novembre, l’actrice Marie Cornillon s’est livrée à un happening anti-corrida, devant la célèbre statue en bronze de Nimeno II près des arènes de Nîmes, à l’invitation de l’association PETA France (People for the Ethical Treatment of Animals).

Le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, s’est quant à lui rendu à la préfecture du Gard entouré de nombreux élus et aficionados, afin de déposer une motion à l’attention du Président de la République pour affirmer sa conviction pro-corrida :

“C’est à nous, 100 ans après nos aïeux, de nous battre aujourd’hui pour que nous puissions vivre nos passions et nos traditions sans que la bien pensance des salons parisiens viennent nous imposer leurs diktats aseptisés. Levons nous pour que nos traditions continuent de vivre pleinement”, insiste-t-il.

Les élus nîmois sont allés afirmer leur soutien à la corrida. photo Ville de NIMES

Un projet de loi qui a peu de chances d’être adopté

Rappelons que le 16 novembre, en commission des lois à l’Assemblée nationale, les députés se sont prononcés contre la proposition de loi visant à interdire la corrida.
Même si cela n’empêchera pas le débat au sein de l’Assemblée Nationale, c’est cependant une bonne indication sur le probable destin du texte d’Aymeric Caron. D’autre part, le gouvernement est lui-même opposé à l’interdiction de la corrida.

Comme l’a récemment souligné le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran : “Après deux ans et demi, de régime d’interdiction pour protéger les gens dans le cadre de la crise Covid, gardons-nous d’aller mettre de nouvelles contraintes, de nouvelles normes sur les gens” a-t-il déclaré, précisant toutefois que “la majorité aura sa liberté de vote.”

Une liberté de vote appliquée dans l’ensemble des formations politiques sur ce sujet, où la conviction et la sensibilité personnelle l’emportent sur les directives politiques.

“Interdire la corrida,

c’est humilier

une partie de nos concitoyens”

Ainsi, cette semaine, 218 élus et responsables politiques ont signé une tribune pour défendre la corrida et s’opposer à la proposition de loi d’Aymeric Caron et, plus largement, ils soulignent que “notre pays est riche de la multitude de ses traditions. Depuis toujours, elles sont l’âme de nos bourgs, de nos rivages, de nos plaines et de nos vallées. (…) C’est la mosaïque de nos traditions qui fait l’identité de la France, mais aussi son rayonnement culturel et son attractivité touristique. “

Deux France qui s’opposent ?

Et ces élus affirment que “interdire la corrida, c’est interdire une culture et humilier une partie de nos concitoyens. Nous ne l’accepterons pas. Du sapin de Noël à la chasse, du barbecue amical aux rêves d’enfants de devenir aviateur, nous ne voulons pas interdire, normer, supprimer, effacer. Cela nous conduirait immanquablement au repli sur soi, à l’envie de faire sécession.”

Dans les arènes d’Arles… Photo Gilles BATTEUX de Pixabay

Parmi les signataires, on remarque naturellement (la liste n’est pas exhaustive) Jean-Paul Fournier (Nîmes) et plusieurs élus gardois, mais aussi Christian Bilhac (sénateur de l’Hérault), René Castets et Emeline Lafont (conseillers départementaux du Gers) ou Pierre-Antoine Levi (sénateur du tarn-et-Garonne), Benoît Mournet (député des hautes-Pyrénées) et Patrick Vignal (député de l’Hérault)…

La tribune et la liste complète sur le site du JDDhttps://www.lejdd.fr/Politique/castaner-retailleau-muselier-sur-la-corrida-nos-traditions-doivent-resister-a-lecototalitarisme-4148752

Réalisé par l’IFOP en partenariat avec le JDD (Journal du Dimanche) le 16 novembre dernier (auprès d’un échantillon de 1001 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas) un sondage précise l’opinion des Français sur la corrida : 74% d’entre eux seraient favorables à l’interdiction de cette pratique (mais ils étaient 81% en 2021, dans un autre sondage de l’Ifop pour l’Alliance anti-corrida).

D’autre part, ce sondage constate “un clivage géographique”, puisque 80% des habitants d’Ile-de-France déclarent vouloir en finir avec la corrida, alors qu’ils sont 63% dans les communes rurales.

Philippe MOURET

(*) Au Parlement, les écologistes ont essayé par deux fois, en 2013 et 2021. Sans succès.

Ils seront devant l’Assemblée, jeudi :

  • Marc Serrano, 44 ans, Nîmes, Occitanie,
  • Julien Lescarret, 42 ans, Bayonne, Nouvelle-Aquitaine,
  • Thomas Dufau, 31 ans, Mont de Marsan, Nouvelle-Aquitaine,
  • Tibo Garcia, 25 ans, Nîmes, Occitanie,
  • Yannis Djenniba « El Adoureno », 25 ans, Aire-sur-l’Adour, Nouvelle-Aquitaine,
  • Dorian Canton, 21 ans, Pau, Nouvelle-Aquitaine,
  • Adrien Salenc, 25 ans, Nîmes, Occitanie
  • Rafi Raucoule « El Rafi », 23 ans, Nîmes, Occitanie,
  • Maxime Solera, 29 ans, Arles, Provence,
  • Carlos Olsina, Béziers, Occitanie,
  • Jean-Baptiste Molas, Dax, Nouvelle-Aquitaine,
  • Solal Calmet « Solalito », 21 ans, Nîmes, Occitanie,
  • Nino Julian, 19 ans, Nîmes, Occitanie,

Découvrir le site du Centre français de tauromachie, à Nîmes : https://www.cftauromachie.com/Qui-sommes-nous_r6.html

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