Dating : Les applis de rencontre, face aux impératifs du confinement

Le confinement n'est pas une fatalité pour les célibataires... et les autres ! Photo D.-R.

Face au confinement les applications de rencontres ont d’abord connu quelques difficultés. Avant, chacune à leur façon, d’adapter leur plateforme, afin de permettre aux célibataires de continuer à se rencontrer tout en restant chez eux. Le dating virtuel, simple adaptation de circonstance ou nouvel art de vivre ?

Trouver l’âme soeur et s’engager dans une relation durable est un projet de vie important. Pas facile lorsqu’on est confiné ! Mais pour les célibataires, accros au rencontres faciles et sans lendemain, la période de confinement n’est pas non plus facile à vivre ! Alors l’impossibilité de se rencontrer physiquement doit-elle pour autant empêcher d’échanger et de séduire ? Faut-il renoncer à ces précieux premiers rendez-vous qui aident à mieux se connaître ?

Illustration, photo D.-R.

Au début du confinement, le site stat-rencontres.fr constatait : “Les audiences de ces sites ont chuté de 55% en moyenne ! De plus, le flux des nouvelles inscriptions a été divisé par deux et les membres déjà inscrits reviennent moins régulièrement.”

Et de noter alors (au mois de mars) : “Une chute de l’audience de 45% pour les sites de rencontres consultés depuis un ordinateur (ex: AdopteUnMec, EliteRencontre), de 65% pour les applis de rencontres avec géolocalisation (ex: Tinder, Hppn, Once ou Grindr) et de 70% pour les sites organisant des sorties entre célibataires (ex: OnVaSortir, CpourNous ou SortirBouger).”

“De nouvelles pratiques voient le jour…”

Ce “désamour” allait-il s’approfondir avec la durée sans cesse rallongée du confinement ?

“Pas du tout !” répond Valérie Bruat, coach en relation amoureuse et dirigeante d’agence matrimoniale haut-de-gamme. Car, “grâce aux outils numériques, de nouvelles pratiques voient le jour, souples et rassurantes, pour faire de vraies rencontres amoureuses, à la fois sérieuses et épanouissantes.”

En effet, selon un sondage de Once (application de rencontres sur téléphone mobile, qui  propose un match par jour seulement à ses utilisateurs, qui sont 3 millions en France et 9 millions dans le monde) :  “un tiers des célibataires sont convaincus que la distanciation sociale vécue aujourd’hui va radicalement changer leur façon de faire des rencontres à l’avenir…”

Pour une grande majorité l’application de rencontre apporte un peu de positif en ce quotidien confiné… Photo D.-R.

Pour une grande majorité des sondés “l’application de rencontre apporte un peu de positif en ce quotidien confiné.” Pour 47% des sondés il est agréable d’avoir quelqu’un à qui dire bonjour, pour 41% les échanges sur les applications rendent la quarantaine plus sympathique et pour 10% cet usage permet de réduire leur anxiété face à cette situation inédite.

Même sans rendez-vous physique possible 30% des sondés affirment pouvoir trouver l’amour sur une application de rencontres. Les chats des applications utilisés par plus de 70% des utilisateurs sont d’ailleurs le lieu de rendez-vous le plus plébiscité. “Par écrit, en photo ou en vidéo on apprend à se découvrir différemment sans passer par la case apéro en terrasse”, souligne-t-on chez Once.

Les applis élargissement leur rayon de recherche

Autre application : Bumble – qui revendique 90 millions d’utilisateurs à travers le monde – a lancé ces dernières semaines de nouvelles fonctionnalités. Habituellement, l’application propose des profils de personnes présentes dans un périmètre de 2 à 161 km. En modifiant leurs paramètres, les utilisateurs ont désormais la possibilité de se voir proposer des profils de personnes présentes
dans le pays entier… (ou comme Tinder qui a rendu gratuite sa fonction “Passeport” qui permet de dialoguer avec des personnes partout dans le monde)

Cette application, dont la particularité est que “c’est la femme qui fait le premier pas” a noté en France une augmentation de 17% du nombre de messages envoyés. Mais aussi que le nombre d’appels vidéo (qui dure en moyenne 23 minutes) a augmenté de 84% pour la France, depuis le mois de mars. “Cela confirme que, lorsque la connexion physique est limitée, l’être humain cherche d’autres moyens d’interagir et de s’engager”, commente-t-on du côté de Bumble.

Le temps de “prendre son temps”

“Le ‘slow dating’ semble répondre aux attentes de la situation exceptionnelle que nous vivons”, Clémentine Lalande, directrice de l’application Once. Photo D.-R.

Chez un géant du secteur, Meetic, on commente : “Près de 60% des célibataires Meetic interrogés affirment utiliser autant si ce n’est plus l’application en ce moment. La preuve en est, le 22 mars il y a eu quasiment autant de messages échangés que lors du Love Sunday, le premier dimanche de janvier…”

Et de multiplier les initiatives telles que le podcast “Amour et conifnement” ou les vidéos de “Love coaching”. Avant de préciser : “Alors que de nombreux célibataires se disaient épuisés par le dating en ligne (57% des célibataires européens) et son rythme effréné, ils ont désormais la possibilité de ralentir et de prendre leur temps : le temps de détailler leur profil, de regarder avec attention chaque profil qui se présente, de répondre et d’avoir des échanges plus détaillés et profonds.”

Ceux qui profitent du confinement pour “larguer”

Tout n’est pas rose cependant. Ainsi le site de “conseil amoureux” Love Intelligence a recensé les “6 réalités amoureuses du confinement.” Avec à la première place (21% des situations) “il/elle a profité du confinement pour ne plus donner de nouvelles” et la difficulté de l’éloignement : “Amoureux depuis peu, nous ne confinons cependant pas ensemble, je sens que nos liens s’étiolent dans cette distance” (12%). Tandis que pour 9% des situations évoquées c’est le contraire : “En relation depuis quelques mois, nous avons décidé de confiner ensemble chez l’un de nous deux mais le quotidien n’est pas facile !” Courage, le 11 mai il/elle rentrera (enfin !) dans son chez soi.

Pour sa fondatrice, Florence Escaravage, “les célibataires sont très nombreux à souffrir de l’isolement et échafaudent des plans, remises en question… pour l’après confinement pour sortir du célibat” (…) mais elle souligne aussi qu’“il y a énormément de discours positifs, d’initiatives heureuses en cette période, ce qui donne un état d’esprit général plutôt positif à ce confinement qui permet de résorber un peu les réflexes conflictuels. Il est très important en cette période de ne pas briser cet élan commun pour le bien vivre ensemble…”

Des connexions plus nombreuses et plus longues

Pour Dominic Gallello, directeur marketing de Badoo : “L’isolement peut donner l’impression qu’une rencontre sera encore plus difficile à faire. Cependant, c’est exactement le contraire que nous constatons sur Badoo. Nous observons beaucoup de preuves de connexions plus nombreuses, plus longues et ceci, bien que la rencontre réelle ne puisse être envisagée pour le moment (…) l’évolution des conversations depuis le confinement nous laisse croire qu’une nouvelle ère de rencontres amoureuses ou amicales pourrait voir le jour.”

“Avec ce nouveau temps dont je dispose, j’engage des conversations beaucoup
plus longues avec mes matchs. Je prends vraiment mon temps pour mieux les connaître, poser les bonnes questions et donner des réponses plus réfléchies. Je trouve cette idée de ne pas être dans l’empressement très agréable !”, affirme ainsi Claire, 27 ans qui vient de vivre pendant le confinement son “premier date virtuel…”

Cet engouement passera-t-il la barrière de déconfinement et du retour à la réalité ? La question se pose, mais une chose est sure, le désir et la séduction ont su franchir les obstacles !

Philippe MOURET

Et si on parlait d’amour !?