Cosmétiques : Le subtil parfum de l’archéologie expérimentale

Senteurs, épilation, esthétisme… Tous les canons de la beauté antique racontés aux enfants au musée Henri-Prades sur le site Lattara.

Le parfum de Jules César, des souffleurs de verre et le blanc de Saturne : l’Histoire sentait bon, au musée archéologique Henri Prades, près de Montpellier : chaque année, pendant les vacances scolaires, ce musée offre d’indispensables journées de reconstitution historique.

Dans La Peste, Camus a écrit qu’ « un monde sans femmes est irrespirable ». Irrespirable… Dans l’Antiquité, un monde sans parfum l’était tout autant. Le mot « parfum » vient d’ailleurs du latin per fumum : « grâce à la fumée . Les premiers parfums étaient donc des fumigations : une braise incandescente sur laquelle on plaçait des plantes ou des résines, de l’encens, de l’oliban. Voilà une des nombreuses et belles choses que l’on a pu apprendre apprendre dans les jardins du Musée Henri Prades et son site archéologique « Lattara ».

Tous en costumes d’époque

Tous en costumes d’époque à Lattara. photo R.-M.

La journée était dédiée à « l’archéologie expérimentale ». Trois associations (Ennaro », pour le parfum ; Les fées bottées, pour les cosmétiques, et Les infondus, pour le verre) ont partagé leur passion de l’Antiquité, en expliquant, en racontant, et en déambulant en costumes d’époque.

L’Histoire sentait bon et les enfants s’en sont donné à coeur joie : en gloussant et en riant, ils se sont enduits de cérats, ces onguents à base de cire et d’huile parfumée, pour adoucir la peau. Ils ont plongé leurs doigts dans le kaolin et ont regardé Chloé souffler le verre, comme on le faisait au premier siècle de notre ère.

Circulez, il y a tout à voir !

De légendes en faits historiques, on a pu sentir le parfum de Jules César, le Telinum, une odeur de marinade, que Pline l’Ancien décrit dans son Histoire Naturelle. On pouvait aussi apprendre que, dans l’Antiquité, les femmes se bandaient les seins et les hanches, car la mode était à une silhouette androgyne. Par ailleurs, pour les deux sexes, l’épilation se faisait à la cire d’abeille et au miel, et même parfois, pour les plus téméraires, à la lampe à huile (on faisait brûler les poils).

Par coquetterie sociale, et se distinguer du petit peuple, hommes et femmes se blanchissaient la peau, comme l’exigeaient les canons de la beauté antique. Les poudres blanches étaient à la mode, du doux kaolin à la furieuse céruse, ce « blanc de saturne », un sel de plomb très corrosif, qui causait de vilaines plaies sur le visage, plaies que l’on cachait pudiquement avec des rustines en tissu.

Rosanne MATHOT

Prochains rendez-vous ?
– Le 16 mai 2017 : le prochain RDV au Musée Henri Prades, pour découvrir les fouilles archéologiques du chantier de déplacement de l’A9.
– Le 20 mai 2017 : Mystères à Lattara. Une nuit européenne des musées placée sous le signe de l’enquête archéologique, avec l’association Le Manoir du crime.
Contact :
Musée Henri Prades; 390, route de Pérols, Lattes. Par l’A9, prendre la sortie 30 « Montpellier Sud ». Tél : 04 67 99 77 20. muséelattes.educatif@montpellier3m.fr