Chronique : radars, la tentation de la réforme à toute vitesse

Les avertisseurs de radars dans la ligne de mire... Photo DR

“Entre les deux tours de l’élection présidentielle qui mobilise toute l’attention des médias, l’Etat a choisi de tenter d’empêcher ponctuellement la remontée d’information de ces boitiers dans des zones de danger. Comprenez par-là qu’ils souhaitent les rendre inopérants ! (…) Difficile de valider ce projet de décret…” Dans sa chronique, Pierre Chasseray, DG de 40 Millions d’automobilistes, pointe l’incohérence d’interdire ces avertisseurs à l’heure de l’hyperconnexion aux réseaux sociaux qui, eux, ne sont soumis à aucune restriction. Et pour cause : une récente décision de justice, concernant une page Facebook en Aveyron, fait jurisprudence.

Connaissez-vous les outils d’aide à la conduite ? Sans doute, si vous êtes automobilistes. Cette catégorie englobe bien évidemment les GPS, les applications de navigation permettant de connaitre en temps réel l’état du traffic et les solutions de repli mais aussi les outils communicants permettant le partage d’information de sécurité routière entre automobilistes.

Et c’est bien là que cela pose problème à l’Etat ! Car, dans cette catégorie, il y a bien évidemment les… radars…! Vous souvenez-vous de ce radar “chantier” posé sur la rocade toulousaine qui avait fashé plus de 1000 fois par heure les premiers jours de son installation ? C’est l’exemple par excellence ! Si bien que je me risquerais presque à dire en paraphrasant un western célèbre que dans la vie, il y a ceux qui ont de quoi se prémunir des radars pièges et ceux qui n’en ont pas !

Bien évidemment, l’utilisation de ce type de produit contribue à limiter la rentabilité des radars puisque les automobilistes sont prévenus de la présence d’une “zone de danger” probablement surveillée par un radar.

C’est donc, à présent, entre les deux tours de l’élection présidentielle qui mobilise toute l’attention des média, que l’Etat a choisi de rédiger un décret visant à permettre aux forces de l’ordre d’empêcher ponctuellement la remontée d’information de ces boitiers dans des zones de danger. Comprenez par là qu’ils souhaitent les rendre inopérants! Lorsque l’on connaît le positionnement des points de contrôle de vitesse sur les routes occitanes, difficile de valider ce projet de décret.

D’autant que nous sommes bien placés pour savoir qu’une décision de justice vient d’être rendue en Aveyron autorisant l’existence d’une page Facebook pointant précisément les contrôles routiers. Alors quel message enverrait-on sinon celui d’une incohérence profonde entre d’un côté, l’autorisation de consulter son smartphone au volant pour être informé de la présence de forces de l’ordre et d’un autre, l’interdiction du signalement de zones de danger ponctuelles rendant inopérant les outils d’aide à la conduite communicants ?

A l’heure de l’automobile connectée, où se trouve la cohérence d’empêcher la connection entre les usagers de la route ? Pire encore, alors que nos radios locales annoncent à l’unisson elles mêmes la présence des contrôles radars, comment imaginer une seule seconde que l’Etat décide de la mise à mort de sociétés françaises, dont l’efficacité des produits en termes de sécurité routière n’est plus à démontrer.

Condamner à mort ces sociétés qui recrutent sur notre territoire, c’est condamner à termes la libre circulation d’information de la route. C’est mettre en péril l’activité des outils d’aides à la conduite. C’est prendre le risque de faire disparaitre tous les outils d’aide à la circulation avec pour conséquence, au delà de l’atteinte à la liberté, l’impossible avenir de technologies visant à fluidifier la circulation ou informer des dangers de la route.

Pierre CHASSERAY, DG de 40 Millions d’automobilistes