Chronique Méditerranée : Brescou, l’île aux trésors

Fort Brescou - Renaud Dupuy de la Grandrive Les petits fonds de quelques mètres d’eau autour de l’île abritent une multitude de petits poissons (saupes, muges, sars, ablettes, gobies…), moules, oursins, coquillages, anémones de mer et crabes divers. Photos : Renaud Dupuy de la Grandrive.

Avec la chronique de Renaud Dupuy de la Grandrive, on visite comme personne l’île-fort de Brescou appréciée des estivants comme des autochtones. On plonge dans une histoire vieille de 700 000 ans faite de basalte noir et aux eaux riches à foison. Embarquement sur cette île volcanique au large d’Agde !

Stéphane Bern et la Fondation de France ne s’y sont pas trompés, le fort de Brescou est un site historique remarquable ! Il vient d’être retenu dans la liste des 18 sites emblématiques sélectionnés pour le loto du patrimoine. La ville d’Agde vient d’engager 600 000 € de travaux de restauration et l’association des Amis de Brescou est également très active. Avec un objectif commun à terme : rouvrir le fort aux visites.
Unique dans notre région, c’est aussi une petite île – elle ne fait que 5 000 m² ! – mais c’est la seule, tout comme son phare en mer ! Si l’actualité récente évoque à juste titre son patrimoine historique, Brescou recèle bien d’autres trésors, naturels ceux-là.

Sa forme actuelle, de type Vauban, daterait plutôt de fin XVIIe siècle. De fonction militaire, il devient surtout prison d’Etat jusqu’à la fin du XIXe siècle.”

Cher au coeur des Agathois (mais pas seulement), le démarrage de son histoire est un peu flou. Sans doute petit bastion militaire, plus sûrement le fort a été bâti en 1586 par le vicomte de Joyeuse et sa forme actuelle, de type Vauban, daterait plutôt de fin XVIIe siècle. De fonction militaire, il devient surtout prison d’Etat jusqu’à la fin du XIXe.
Singulière, son histoire l’est aussi côté nature. D’abord, c’est une île volcanique de plus de 700 000 ans, dernier maillon de la chaîne des volcans d’Auvergne, au basalte noir, bien costaud que les bâtisseurs du fort ont d’ailleurs su utiliser dans ses moindres détails.

Fort Brescou - Renaud Dupuy de la GrandriveSa toute petite plage de grains de sable grossiers, coquillages et galets fait le bonheur des estivants, souvent des habitués de très longue date. A terre, autour du fort et à l’intérieur, à l’exception des goélands leucophées (gabians, nicheurs ici) et des grands cormorans, faune et flore sont rares. Il faut dire qu’ici, il faut braver les éléments marins ! Mais insectes, lézards et petits oiseaux passereaux sont là dès les beaux jours, tout comme les cormorans huppés, plus sveltes et rares que leurs cousins les grands cormorans. Toute l’année impossible de rater les sternes, oiseaux fins au vol rapide et saccadé caractéristique tout comme leur piqué pour pêcher.

En plein coeur de l’aire marine protégée

Mais Brescou c’est d’abord une île, avec de l’eau de mer tout autour. Et les richesses sous-marines sont bien là, Brescou est d’ailleurs en plein coeur de l’aire marine protégée de la côte agathoise, gérée par la ville d’Agde.
Sur son pourtour immédiat ce sont les ceintures d’algues qui dominent avec des espèces communes rouges ou vertes ou parfois plus rares comme les brunes cystoseires, véritables écosystèmes “ingénieurs” qui jouent un rôle très important dans l’équilibre du milieu marin.
Fort Brescou - Renaud Dupuy de la GrandriveLes petits fonds de quelques mètres d’eau autour de l’île abritent une multitude de petits poissons (saupes, muges, sars, ablettes, gobies…), moules, oursins, coquillages, anémones de mer et crabes divers.
A peine un peu plus loin du rivage, en allant vers la côte, les herbiers de posidonies, plantes sous-marines, abritent une grande biodiversité. Ondulant sur le fond, ils servent de refuge aux juvéniles, de zone de nourriture, produisent toute l’année de l’oxygène, stockent le carbone et amortissent les vagues en limitant l’érosion marine. Autant dire qu’ils rendent bien des services !

Le ponton d’accès à l’île et à la petite plage sera très bientôt entièrement reconstruit par la ville

Complémentaire à la richesse patrimoniale historique de Brescou, cette richesse du patrimoine naturel de l’île fait l’objet de nombreuses attentions. Ainsi dès le mois de juin, pour éviter la dégradation des posidonies, une quarantaine de mouillages écologiques sont installés autour de l’île pour les plaisanciers et les plongeurs.
Le ponton d’accès à l’île et à la petite plage sera très bientôt entièrement reconstruit par la ville sur le principe de l’écoconception. Des petits dispositifs artificiels pour les juvéniles poissons seront installés et les populations de ces fameuses algues cystoseires seront renforcées, à la fois sur le ponton et autour de l’île, une première en région Occitanie.
Des actions menées par l’aire marine protégée dans le cadre de projets de restauration écologique et de programmes scientifiques soutenus par le ministère de l’écologie, la Région Occitanie et l’Agence de l’Eau.

Renaud DUPUY DE LA GRANDRIVE 

  • Vous voulez découvrir l’île aux trésors ? Brescou, l’île et son fort peuvent être abordés de multiples façons : dans les livres (Brescou en Languedoc, une île, un fort, une histoire – Le fort de Brescou, une prison d’Etat en Languedoc) les expositions (Vincent Marco au Musée de l’Ephèbe du Cap d’Agde), par les bateaux promenade ou de location d’Agde et du Cap d’Agde, l’île est à moins d’un kilomètre du rivage.