Chronique auto : Le Terroir-caisse…

Les radars automatisés ont rapporté 920 millions d'euros à l'Etat en 2016, selon un rapport annexé au projet de budget. Une manne qui sert essentiellement à la lutte contre l'insécurité routière, notamment à travers de grands travaux routiers. 351,5 millions d’euros vont à l’Agence de financement des infrastructures de transport de France, 255 aux collectivités et 239 à la gestion des radars. Seulement 75 millions d'euros sur le total (8,2%) servent au désendettement de l'Etat. Photo : DR.

L’avocat montpelliérain, Jean-Charles Teissèdre revient sur le changement de paradigme. De l’auto, symbole de liberté à l’automobiliste frappé sans arrêt au portefeuille, en attendant la voiture autonome qui, elle, ne paie pas – encore – d’amende…

Taxes, taxes, taxes, amendes, amendes, amendes… Tel est ce qui tient lieu de politique des transports depuis des années. Mais qu’a donc fait l’automobiliste pour mériter un tel excès d’opprobre, lui qui jadis était le symbole de la liberté ? Hausse de la fiscalité sur l’essence, le gazole et les véhicules polluants, péages urbains, hausse du montant des amendes, pardon, “forfait post-stationnement”, contrôle technique renforcé, hausse des primes d’assurance, des tarifs d’autoroute, autant de mesures annoncées en ce début d’année. Sans oublier la fameuse limitation de vitesse à 80 km/h (au lieu de 90 km/h) à compter du 1er juillet 2018.

Après le ras-le-bol fiscal, le ras-le-bol pénal

Si cette dernière mesure a réussi à mobiliser contre elle un peu partout en Occitanie automobilistes et motards, il s’agit surtout de la manifestation d’un ras-le-bol. Après le ras-le-bol fiscal, le ras-le-bol pénal. Cette fois cependant, le sacro-saint dogme de la sécurité routière semble se fissurer. L’altruisme affiché, la main sur le coeur – c’est pour faire baisser la mortalité – ne saurait cacher ni l’autre main, plus froide, sur le portefeuille budgétaire, ni les causes multifactorielles de la baisse tendancielle du taux de mortalité sur les routes en dépit du nombre toujours plus important d’automobilistes, d’après les chiffres du parc automobile français.

Jean-Charles Teissèdre. Photo : DR.

Selon l’INSEE (l’Institut de la statistique), 70 % des actifs se rendent sur leur lieu de travail en voiture et près d’un français sur quatre déclare avoir renoncé à un emploi ou à une formation faute de pouvoir se déplacer. Ceci explique peut-être d’autres chiffres, moins glorieux : 600 000 conducteurs roulent sans permis et 700 000 roulent sans assurance. Le candidat Macron à la présidentielle en 2017 avait pourtant posé un diagnostic lucide lorsqu’il déclarait pendant la campagne présidentielle que “les français ne sont pas égaux face à la mobilité. L’absence de solution devient alors un frein dans l’accès à l’éducation ou à l’emploi et vient alimenter le sentiment d’assignation à résidence ou de déclassement social”. Venez donc vivre avec nous, où le prix du mètre carré a depuis longtemps perdu la raison, sinon, tant pis pour vous !

Vu d’en haut, il y aurait donc bien ceux qui vivent dans les centres urbains, cultivés, éduqués, informés, qui mangent bien et ne polluent pas, et de l’autre les automobilistes, l’autre nom donné au citoyen ordinaire, qui commet des infractions. La solution ? La voiture autonome bien sûr. Sauf qu’elle n’est pas pour demain : et elle ne paie pas (encore) d’amendes…

Jean-Charles TEISSEDRE