Capitale de la culture : Montpellier candidate avec… 142 communes, tous en scène !

Gilles d'Ettore, maire d'Agde, et Michaël Delafosse, maire de Montpellier, jeudi au château Laurens, à Agde, pour dévoiler les 50 lauréats de l'appels à projets dans le cadre de la candidature de Capitale européenne de la culture. Photos : Olivier SCHLAMA

Reçu jeudi dans la magnifique Villa Laurens, à Agde, le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, en verve, a souligné qu’une “étape majeure a été accomplie” avec la désignation de 50 lauréats de l’appel à projets enrichissant le dossier de candidature pour obtenir le label de capitale européenne de la culture en 2028. Gilles d’Ettore, maire d’Agde, s’est félicité d’une telle coopération. Prochaine étape, en décembre, à Bruxelles.

Tous en scène ! Pour atteindre ce Graal, une vraie campagne électorale se met en place : “Et ce n’est pas un coup de com mais bien une démarche commune !” Maire de Montpellier, Michaël Delafosse nourrit un vrai espoir pour cette possible désignation de la 7e ville de France comme capitale européenne de la culture. Pour cela, un atout majeur : “C’est la candidature de tout un territoire !”

“C’est la candidature de tout un territoire !”

Imaginez, le long des deux “artères” héraultaises, le long du fleuve Hérault et de la voie de chemin de fer, du Pont du Diable à Agde et de Lunel à Sète, pas moins de 142 communes se sont associées à cette “dynamique”. À l’image de celle qui estourbit le visiteur de la Villa Laurens, sorte de folie du XXe siècle, plantée là, toisant de beauté iconoclaste la cathédrale d’Agde en bord d’Hérault comme le signe précurseur d’un art qui agrandit tout.

“Ce magnifique projet est important pour nous tous”

Projet porté à Montpellier, à Celleneuve avec temps de pratiques avec l’artiste. Les Plages d’Odette Louise (ici Sète). Ph. Marc-Coudrais-sete

Gilles d’Ettore, maire d’Agde, dans cette magnifique et atypique demeure qui sera inaugurée en juin 2023 grâce à 10 M€ de travaux, notamment cofinancés par la Région Occitanie et le ministère de la Culture à souligné que, du haut des 2 500 ans de culture grecque, dont sa ville est empreinte, “la culture est un facteur de développement d’identité.” Michaël Delafosse a enchaîné :“C’est la première fois qu’un maire de Montpellier vient ainsi à Agde ; c’est un symbole fort d’une démarche engagée ; c’est pour vous dire combien, dans ce très impressionnant lieu d’exception, ce magnifique projet culturel est important pour nous tous”.

Une “dynamique” et une “ambition commune”

Pour le maire de Montpellier, la culture, surtout en cette rentrée difficile, est une “force d’attractivité et cela va aussi nous aider dans des quartiers classés en QPV (quartiers politique de la ville, Ndlr) C’est un facteur de renaissance de ces quartiers qui concentrent des problèmes sociaux…” Vice-présidente de la Région Occitanie, Claire Fita a, elle, salué “cette dynamique” et cette “ambition commune” que la région soutient.

50 lauréats d’un appel à projets dévoilés

En ce jeudi 8 septembre, Gilles d’Ettore et Michaël Delafosse ont voulu marquer le passage à une étape essentielle, celle de la nomination des lauréats, une cinquantaine, d’un vaste appel à projets. C’est à travers ce bouillonnement qui transcenderait les chapelles politiques. Gilles d’Ettore et Michaël Delafosse étaient entourés du maire de Gignac, Jean-François Soto, président de la communauté de communes du Coeur d’Hérault ; des élus de Sète, Lunel ou encore du Grand Pic Saint-Loup, Pézenas, et de Claire Fita, vice-présidente de la Région Occitanie.

Randonnées culturelles en milieu naturel ; numérisation d’oeuvres urbaines. Deux porteuses de projet du Studio 41 ont ainsi expliqué comment elles veulent valoriser le mobilier urbain en le rénovant en l’embellissant par des artistes locaux qui interviendront dans des quartiers Clémenceau, Figuerolles, Gambetta ou Plan Cabanes.

“C’est une incroyable ambition : celle d’un grand territoire”

La cathédrale d’Agde, face au château Laurens, à Agde. Delafosse, à propos de Gilles d’Ettore : “Il m’a dit : là on va en profiter pour faire telle chose sur l’habitat ; là pour faire entrer les voitures ; créer une passerelle piétonne pour entrer dans le jardin de la villa Laurens Photo : Olivier SCHLAMA

Pour la France, quatre villes ont déjà été désignées par le passé : Paris en 1989, Avignon en 2000, Lille en 2004 et Marseille en 2013. Ce sera à nouveau le tour de l’Hexagone en 2028, aux côtés d’une ville tchèque, de proposer une ville et une seule. Nice, Bourges, Saint-Denis ou encore Clermont-Ferrand sont aussi en lice pour 2028. Une présélection doit se faire au premier semestre 2023 pour un verdict en fin d’année. “C’est une incroyable ambition : celle d’un grand territoire. Cette association qui nous rassemble est dotée d’une contribution complémentaire de 700 000 €. Les projets lauréats, nous y sommes !”, a encore défendu le maire de Montpellier.

“La transformation de l’espace par la culture”

Le coeur du projet de Montpellier capitale européenne de la culture, c’est “la transformation de l’espace par la culture”, a professé Michaël Delafosse. Le projet sera défendu en décembre prochain “à Bruxelles où je ferai le déplacement”, a-t-il dit. A la vision gaullienne, de Malraux, défendu par Gilles d’Ettore, le maire de Montpellier a ajouté : “La question c’est aussi de voir ce que les artistes ont à dire de l’époque et comment l’art peut engager la transformation d’espaces extérieurs. Car, en plus des lieux à l’intérieur, la culture transforme aussi nos espaces publics.”

Et de confier : “Quand on est arrivés avec Gilles D’Ettore, il m’a dit : “Là on va en profiter pour faire telle chose sur l’habitat ; là pour faire entrer les voitures ; créer une passerelle piétonne pour entrer dans le jardin de la villa Laurens (…) L’art participe d’une vraie réinvention de la ville. Que ce soit à Montpellier avec le quartier de la Cité créative et la Mosson ; à Sète avec des projets près du nouveau conservatoire Manitas De Plata, etc.

“Avant, chacun défendait sa chapelle ; si on pouvait se faire la nique, on le faisait – il faut dire les choses – Là on est ensemble et on a envie de faire les choses ensemble”

Michaël Delafosse, maire de Montpellier
Photo : Olivier SCHLAMA

Est-ce enfin venu le temps de l’Hérault de porter un grand projet fédérateur, comme un Frêche l’aurait dit à propos d’un ex-Languedoc-Roussillon, belle endormie à qui l’on donne enfin les moyens de se réveiller ? “Cette démarche, ce ne sont pas que des phrases”, a répondu Michaël Delafosse. Cela n’a rien, selon lui, de factice. “Qui connaît ce territoire depuis longtemps le sait : avant, chacun défendait sa chapelle ; si on pouvait se faire la nique, on le faisait – il faut dire les choses – Là on est ensemble et on a envie de faire les choses ensemble.”

Et d’ajouter : “Nos intercommunalités travaillent ensembleNous disons et nous prouvons ! Ce qui est frappant c’est cette dynamique. L’enjeu c’est de rendre les choses désirables ; c’est de nous unir autour de la culture ; et c’est une bonne chose en ces temps pas faciles. Où les femmes luttent pour leurs droits en Afghanistan ; idem en Iran, etc. La culture nous rassemble.” Et d’ajouter : “Il n’y a pas de compétition entre les villes candidates. Nous avons chacun une conviction commune : la culture c’est essentiel. C’est un accélérateur de changement. Rien que pour cela, nous avons déjà gagné.”

L’initiative de ce label Capitale européenne de la culture remonte à 1985 et en revient à l’actrice Melina Mercouri, alors ministre grecque de la Culture et au Français Jack Lang (lire ci-dessous). Ce label serait une première dans la région. Sète avait bien tenté, en 2021, d’être désignée première capitale française de la culture pour 2022, sans y parvenir. 

Olivier SCHLAMA

Grèce et la France en sont à l’origine

“Si c’était à refaire, je commencerais par la culture”. On sait maintenant que, si cette phrase a longtemps été attribuée à Jean Monnet, le “père de l’Europe” ne l’a en fait jamais prononcée. A l’origine des capitales européennes de la culture, on trouve pourtant la conviction, chez les responsables européens, que l’Europe s’est trop longtemps préoccupée de politique et d’économie, négligeant les échanges culturels entre ses habitants.

Mélina Mercouri et Jack Lang

Photo : DR.

L’initiative, qui remonte à 1985, revient à l’actrice Melina Mercouri, alors ministre grecque de la Culture. Deux ans plus tard, également sous l’impulsion du Français Jack Lang (“Qui doit venir prochainement à Montpellier”, a confié Michaël Delafosse), Athènes devient la première “ville européenne de la culture”. Une appellation transformée en 1999 pour revêtir son acception actuelle, plus honorifique. Les villes ainsi mises à l’honneur peuvent promouvoir leur patrimoine et leur dynamisme culturel à travers l’organisation de dizaines d’expositions, festivals et autres événements, tout en bénéficiant d’une couverture médiatique non négligeable grâce à la labellisation européenne.

Deux villes au moins se partagent le label : l’une issue d’un “ancien” Etat membre, l’autre d’un “nouveau”

Rue de l’Etoile Bleue – cartographie imaginaire à Montpellier. Projet d’une carte de la ville, des photographies dans l’espace public, des capsules sonores à écouter… Ph. Alexandra Frankewitz- Transit.

Quant au choix des villes lauréates, depuis 2009, deux villes au moins se partagent le label : l’une issue d’un “ancien” Etat membre, l’autre d’un “nouveau”. A ces deux lauréates peut s’ajouter une troisième, issue d’un pays tiers, par exemple un pays candidat à l’UE. C’est ainsi qu’Istanbul a porté le titre en 2010, conjointement à Pécs (Hongrie) et Essen (Allemagne). L’ancienne capitale ottomane souhaitait profiter de l’aubaine pour marquer son ancrage européen et sa modernité culturelle.

Une fois le “pays d’accueil” connu, reste à sélectionner les villes qui tiendront le haut de l’affiche une année durant. Quatre ans avant l’échéance, le pays désigné soumet aux institutions européennes une liste de villes présélectionnées. La Commission européenne réunit alors un jury chargé d’étudier chaque dossier et d’établir une recommandation.

Nice, Bourges, Saint-Denis, Clermont-Ferrand

Opération street Art 2022. Projet porté à Montpellier par Line Up (photo).

Quatre villes françaises ont reçu ce titre : Paris en 1989, Avignon en 2000, Lille en 2004 et Marseille en 2013. En 2028, aux côtés d’une ville tchèque, une autre ville française sera de nouveau à l’honneur. De nombreuses communes ou collectivités territoriales sont en lice, comme Nice, Bourges, Saint-Denis ou Clermont-Ferrand.

Le ministère de la Culture a fait connaître en décembre 2021 les modalités du choix de la prochaine lauréate. Un jury composé de 12 membres (dix désignés par le Parlement européen, le Conseil, la Commission européenne et le Comité des régions et jusqu’à deux désignés par le ministère) doit présélectionner plusieurs villes au premier semestre 2023. La décision finale est attendue pour la fin de cette même année.

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