Méditerranée : Attention aux nids d’oiseaux sur les plages !

Une strene naine. Photo : Michel Fernandez

La première très forte affluence attendue dès ce week end est préjudiciable aux oiseaux nicheurs sur notre littoral qui avaient réinvestis les laisses de mer pendant le confinement. Les ornithologues de la LPO et l’OFB tirent la sonnette d’alarme.

C’est l’un des effets pervers du confinement. Quand la nature avait repris ses droits ; quand les oiseaux avaient réinvesti les lieux qui, autrefois, étaient les leurs, sifflotant à qui mieux mieux leur bonheur retrouvé. Et se reproduisant comme jamais. Ils ont, par la même occasion, repris possession des plages, dunes et autres laisses de mer, y trouvant de quoi confectionner de petits trous moelleux pour pondre. Des sites en théorie déserts mais qui reçoivent, au sortir de l’hiver, subitement, des vagues de touristes avides d’air frais et de soleil…

Les spécialistes sensibilisent le grand public

Sterne naine. Ph. Michel Fernandez.

Las, sans le vouloir, ces milliers d’humains en quête d’iode et de vitamine D, en phase avec le calendrier et les vacances de Pâques, foulent ce sol (é)mouvant et agréable sans s’apercevoir qu’ils peuvent écraser les pontes d’oiseaux, parfois minuscules. C’est la raison pour laquelle, depuis deux ans, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et L’Office français de la biodiversité (OFB), montent au créneau pour tenter de sensibiliser les potentiels promeneurs en lançant l’opération de sensibilisation Attention, on marche sur des oeufs.

“Les nids, faits dans le sable, ne se voient pas forcément…”

Directeur adjoint de l’OFB pour l’Occitanie, Louis-Gérard D’Escrienne explique : En ce moment et jusqu’au 15 juin environ, on trouve beaucoup d’oisillons ou d’oeufs, notamment le gravelot. Les nids, faits dans le sable, ne se voient pas forcément. Et même quand on n’écrase pas les oeufs, le fait d’être dérangé, les femelles finissent par quitter le nid…”

Toutes les plages de Méditerranée sont concernées

Gravelots à collier interrompu. Ph. Michel Fernandez

Même si l’on tente d’améliorer les choses, et même si cela peut apparaître utopique, les gardiens du bien être des oiseaux tentent d’alerter sur ce phénomène négatif. “Toutes les plages de Méditerranée sont concernées, notamment de Sète à Agde et vers la réserve du Bagnas. Parfois, les oiseau niches sur des monticules. Et quand nos agents voient qu’il y a un danger flagrant, ils installent de la rubalise – un cordon rouge et blanc – pour que ce soit voyant pour les promeneurs mais il arrive qu’au contraire certains passent dessous pour justement aller voir les oeufs…”

Nettoyage trop précoce des plages

De son côté, Cédric Marteau, directeur pour la protection de la nature à la LPO, ne dit pas autre chose. “Il y a effectivement eu une prise de conscience lors du confinement. L’important, c’est de sensibiliser le grand public, dit-il. Car, par méconnaissance, on peut en effet, sans s’en rendre compte, écraser les oeufs. Il y a aussi un nettoyage trop précoce des plages par les municipalités auxquelles nous demandons d’attendre le mois de juillet – ces oiseaux repartent ensuite en Afrique – pour le faire et aussi des chiens à qui ont enlève la laisse et qui vont faire des dégâts”, décrypte Cédric Marteau.

Gravelot à collier et sterne naine

Difficile de distinguer… Photo : Michel Fernandez

Le spécialiste explique également que deux lieux sont particulièrement concernés sur les plages. Et que doivent faire attention ceux qui vont marcher sur les laisses de plage ou sur les hauts de plage à partir de se week-end de Pâques “où certains oiseaux comme le gravelot à collier – ou la sterne naine, reviennent d’Afrique pour nicher en Occitanie, notamment. Le gravelot, c’est l’un des oiseaux en danger : il n’y a qu’une toute petite population sur le sol européen”.

Pour tenter de sauver des nidifications, sur “tout le littoral français, nous disposons de quelque 200 ornithologues qui vont sur les plages, en amont. Et s’ils estiment qu’une zone risque un piétinement, ils la bouclent avec un grillage, parfois avec des affiches explicatives. Cela est le cas sur les plages mais aussi dans les réserves naturelles…”

Olivier SCHLAMA

À tire d’aile avec Dis-Leur !

Et encore…