BD : Asterix et Obelix font leur “Giro”, avec la transitalique

« Meilleur est le méchant, meilleur est le film ». les auteurs d'Asterix ont retenu la leçon du maître Alfred Hitchcock

Deux ans après Le Papyrus de César, Astérix et Obélix sont au départ d’une nouvelle aventure dans toutes les bonnes librairies de Gaule et dans plus de 25 pays du Monde Connu… C’est l’événement éditorial d’une année pourtant déjà riche en la matière !

Le nouvel album d’Astérix est arrivé avec sa pluie de baffes et de casques romains cabossés, qui ravira les passionnés d’aventure, de jeux de mots inimitables, et d’Histoire revisitée. Astérix et la Transitalique, est le troisième album réalisé par le duo composé de Jean-Yves Ferri au scénario et Didier Conrad au dessin. Le tout sous l’œil bienveillant d’Albert Uderzo, co-créateur avec le regretté René Goscinny du plus grand succès mondial de la bande dessinée, avec plus de 370 millions d’albums vendus depuis la première apparition des deux irréductibles en 1959.

La couverture de l’édition de luxe de ce nouvel album d’Asterix signé Conrad et Ferri

On connait désormais la couverure de cette nouvelle aventure dont nous vous avions déjà révélé quelques images sur Dis-Leur ! Pas facile de retrouver le dynamisme, la finesse de trait, et l’humour qui font la potion magique des couvertures d’Astérix confie Didier Conrad, qui a cependant parfaitement su relever le pari : « Réaliser une couverture d’album est tout un art », raconte-t-il. « Cela peut paraître évident, mais résumer l’univers de toute une saga, rendre hommage à des personnages connus de tous et révéler les nouvelles têtes, dégager les thématiques de la nouvelle histoire tout en apportant un certain type d’humour propre à la tradition Goscinny et Uderzo , le tout en un dessin unique, croyez-moi, c’est un véritable casse-tête ! ».

Cette fois, le décor est planté et le doute n’est plus permis : c’est une course de chars, menée tambour battant par les deux Gaulois, qui est au cœur de cette nouvelle aventure ! Astérix et Obélix vont donc nous emmener à un rythme effréné dans leurs nouvelles aventures italiennes. Pardon, leurs nouvelles aventures italiques ! Car aussi surprenant que cela paraisse, Astérix et Obélix, n’ont encore jamais parcouru l’Italie ! Seule Rome a fait l’objet de visites des irréductibles Gaulois, lors d’un premier passage en 1964 (Astérix Gladiateur) puis en 1972 (Les Lauriers de César).

Obelix tient les rênes, face à un méchant masqué

Mais ce magnifique pays ne se résume heureusement pas à sa capitale, tout comme les habitants de l’Italie ne sont pas tous romains, au contraire ! Vénètes, Ombriens, Etrusques, Osques, Messapes, Apuliens : c’est toute une diversité de peuples qui font la péninsule, et tous n’acceptent pas si facilement l’autorité romaine. « L’Italie ne se résume pas à César, Rome et son Colisée ! Nous nous sommes rendu compte qu’il était enfin temps pour Astérix et Obélix de se faire une idée plus précise de ce qu’était vraiment l’Italie ! » soulignent les auteurs Conrad et Ferri qui rendent ainsi un bel hommage à Albert Uderzo et à son pays d’origine.

Sans spoiler l’album, on peut toutefois révéler quelques informations : Afin d’affirmer le prestige de Rome et l’unité des peuples de la péninsule italique, Jules César approuve l’organisation d’une course ouverte à tous les peuples du Monde Connu, et visant à démontrer de manière éclatante l’excellence des voies romaines. Aux organisateurs de l’événement, César pose cependant une condition sine qua non : l’attelage romain doit impérativement franchir la ligne d’arrivée en vainqueur ! Il semblerait qu’à l’époque, sport, politique et spectacle étaient déjà intimement liés, heureusement que tout cela a bien changé ! Enfin… Hélas pour César, c’était sans compter l’inscription à la course d’un attelage gaulois mené par deux empêcheurs de “diktater” en rond qu’il ne connaît que trop bien…

Un petit détail en plus… et pas des moindres, saute immédiatement aux yeux : c’est bien Obélix qui est l’aurige (le conducteur du char) de l’équipe de Gaule, Astérix s’en tenant au rôle de copilote. « Tous les personnages créés par le tandem Goscinny-Uderzo possèdent un petit quelque chose qui les rend unique. Astérix, Idéfix, Abraracourcix, Falbala… La liste est longue ! Mais je partage l’avis de la plupart des lecteurs assidus de la saga : mon préféré reste ce grand enfant au grand cœur et un peu pataud ! Tout le monde adore Obélix, et moi le premier ! Je me suis dit, que pour ce nouvel album, il fallait lui rendre hommage de manière un peu plus appuyée. Je n’ai eu aucune difficulté à rallier Didier à ma cause ! », explique Jean-Yves Ferri.

Enfin, pas d’album sans un méchant digne de ce nom… Dans Astérix et la Transitalique, Jean-Yves Ferri et Didier Conrad innovent en introduisant le mystérieux aurige masqué : Coronavirus, le champion romain aux MCDLXII victoires ! Ne reculant devant rien pour voler la vedette à ses adversaires, et souhaitant obtenir une nouvelle victoire pour sa gloire et celle de Rome, Coronavirus est un concurrent redoutable dont le sourire figé ne dit rien qui vaille à Obélix. Le méchant masqué, une grande tradition de la BD, avec notamment le Monsieur Choc de la série Tif et Tondu, pour ne citer que l’un des plus célèbres. Tout est en place, il ne reste plus qu’à suivre les étapes ce “Giro” à l’antique, au fil des 48 pages de ce nouvel opus tiré pour sa première édition en France à 2 millions d’exemplaires !

Un album agréable, qui se lit avec plaisir, sans toutefois enthousiasmer les admirateurs de René Goscinny. Mais il est vrai que les albums solo signés Uderzo avaient été si décevants que le travail de Conrad et Ferri est plus qu’appréciable, malgré quelques faiblesses, notamment au niveau de l’intrigue, parfois desservie par des pages (Florence, Sienne, etc) passablement insipides.

Philippe MOURET

PS : une interrogation que je partage avec un certain nombre de lecteurs : quid (en latin dans le texte) des deux pages de présentation avec la carte de la Gaule et la loupe sur le village et la présentation des personnages principaux ? 9a fait bizarre de constater leur absence… ça crée même un petit vide !