Bande dessinée : Lewis Trondheim fait des histoires et la lecture fait sa nuit

Illustration de couverture de l’album Les Herbes folles, 2019 - © L’Association

Sous le commissariat de Thierry Groensteen, l’exposition Lewis Trondheim fait des histoires présentera plus de 150 originaux dans un parcours scénographié abordant une dizaine de thématiques : l’apprentissage du dessin, l’auto-représentation, la carrière de son personnage fétiche Lapinot, les monstres, robots et aliens, la série d’heroïc fantasy Ralph Azham, le travail en collaboration, la BD jeunesse, l’expérimentation formelle, les angoisses du créateur et du citoyen, etc

“Lewis Trondheim est un cas. Son imagination débordante, son caractère bien trempé, sa boulimie insatiable pour la création ainsi que sa virtuosité à explorer les différentes formes, genres et sous-genres du 9e Art, avec révérence ou ironie, en font l’une des figures artistiques les plus atypiques de notre époque (…) Il est tout entier engagé dans l’histoire contemporaine de la bande dessinée”, c’est ainsi que Pierre Lungheretti (directeur de la Cité internationale de la Bande dessinée et de l’image) évoque l’artiste.

L’un des “emblêmes” du renouveau de la BD française

couverture dépliée de La Fin du monde, 2008 – © L’Association

Et de poursuivre : “Avec une implication inédite de l’auteur, cette toute première exposition qui lui est consacrée présentera l’ensemble des composantes de l’univers artistique de Lewis Trondheim, de l’apprentissage du dessin jusqu’aux réflexions que lui inspire notre monde contemporain. Plusieurs documents rares seront présentés, témoignant de l’extraordinaire polymorphisme de son œuvre… (…) Il est probablement l’un des emblèmes les plus stimulants de ce renouveau de la bande dessinée française, qui depuis près de vingt ans a fait de notre pays l’une des principales références mondiales pour le 9e Art.”

Lewis Trondheim fait des histoires… Le titre est bien choisi pour évoquer cet auteur aux multiples facettes. En tant qu’auteur complet ou scénariste, il a abordé les thèmes les plus divers : Science-fiction, western, polar, autobiographie, comédie
sentimentale, cape et épée, BD expérimentale, BD jeunesse, heroïc fantasy, reprise de personnages connus (Mickey, Spirou) : il n’y a pas de genre auquel Trondheim ne se soit essayé, jusques et y compris la bande dessinée pour Smartphone (Bludzee) ou sur Instagram (Les Herbes folles).

180 albums qui abordent tous les genres

Avec quelque 180 albums à son actif , créateur de Lapinot, Ralph Azham, Le Roi CatastropheMaggy Garrisson et bien d’autres personnages, Trondheim travaille aussi bien pour un public adulte que pour les enfants. Cofondateur, en 1990, de la maison d’édition L’Association, où il est toujours membre du comité de lecture, il dirige également la collection “Shampooing” chez Delcourt, tout en travaillant pour Dargaud, Dupuis, Glénat et Rue de Sèvres.

Pour cette exposition que les organisateurs annoncent “ludique et accessible à tous”, plus de 150 originaux. Entre autres documents rares, on découvrira les cases matricielles du Dormeur, un dessin où Trondheim se représentait encore en chat, des dessins de couverture d’albums de Lapinot qui n’existent pas, des sérigraphies Ralph Azham réalisées à partir de tampons, le scénario original de La Nouvelle Pornographie, des recherches graphiques pour la mise au point du style de Frantico, des illustrations originales pour le jeu de rôles Donjon et des dessins d’observation inédits.

Trondheim chevauchant un dinosaure. Extrait de La Malédiction du parapluie (Les Petits Riens, tome 1 © éditions Delcourt

Avant l’expo, dédidace à Azimuts, le 18 janvier

L’exposition débutera le 29 janvier (jusqu’au 10 mai) à la Cité internationale de la BD et de l’image d’Angoulême, à l’occasion de la 47e édition du Festival de la Bande dessinée, qui se tiendra du 30 janvier au 2 février. C’est d’ailleurs Lewis Trondheim qui est le créateur du “Fauve” devenu la mascotte du Festival, dont il a reçu le Grand Prix en 2006…

Mais en attendant, on peut aussi se rendre dès ce samedi 18 janvier à Montpellier, où la librairie Azimuts reçoit l’auteur, en compagnie de la coloriste Brigitte Findakly, pour une séance de dédicace de leur dernier album des Nouvelles aventres de Lapinot : Prosélytisme & morts-vivants… De 15h à 19h, dans le décor merveilleusement surchargé de la petite librairie de la rue Saint-Guilhem (n°13), on pourra aussi faire signer l’ouvrage Entretiens avec Lewis Trondheim (éd. L’Association) que l’on doit à Thierry Groensteen, qui n’est autre que… le commissaire de l’expo d’Angoulême. Et voilà comment la boucle est bouclée !

Philippe MOURET

Pour aller plus loin :

L’Association publie en janvier 2020 des Entretiens avec Lewis Trondheim, par Thierry Groensteen. En douze chapitres, l’ouvrage fait le bilan d’une carrière étonnamment féconde. Trondheim s’y s’explique comme jamais auparavant sur
son parcours, ses influences, ses choix de création, ses méthodes de travail, ses multiples collaborations.

Détail de la couverture de l’album Monstrueux Bazar, 1999 © éditions Delcourt

Ces conversations sont illustrées de nombreux documents rares ou inédits et enrichies de témoignages d’une dizaine de proches (Harry Morgan, Brigitte Findakly, Mathieu Sapin, Matthieu Bonhomme, Stéphane Oiry, Appollo, Obion, Jochen Gerner, Nicolas Kéramidas, Jean-Pierre Duffour, Hubert Chevillard).

Le dossier consacré à Trondheim dans le n° 13 de la revue du musée de la bande dessinée Neuvième Art, en janvier 2007, est repris en ligne sur le site NeuvièmeArt2.0, augmenté de textes inédits rédigés par Tristan Garcia, Louise Jambou, Clément Lemoine et Nicolas Tellop.

Une exposition consacrée à L’Association, conçue par Jochen Gerner et Alexandre Bohn, est présentée au FRAC d’Angoulême (63 bvd Besson Bey, à quelques centaines de mètres de la Cité) du 22 janvier au 16 mai, sous le titre Fracas sociable. Des planches de bande dessinée des auteurs de la maison d’édition et des documents imprimés dialogueront avec des œuvres d’art contemporain.

18 janvier, Nuit de la lecture en Occitanie :

La quatrième édition de la Nuit de la lecture se tiendra le samedi 18 janvier. Ouverte à tous les publics, cette manifestation nationale, initiée par le ministère de la Culture, entend fêter la lecture et conforter les liens entre tous les acteurs du livre, en premier lieu bibliothécaires et libraires, mais aussi auteurs, éditeurs, enseignants, chercheurs, acteurs associatifs, médiateurs de la lecture, etc

Tous les livres seront en vedette pendant la nuit du samedi 18 janvier dans près de 260 lieux en Occitanie. Photo D.-R.

Tous les acteurs du livre sont invités à se mobiliser pour offrir, l’espace d’une soirée, mais aussi parfois tout au long du week-end, des animations sur l’ensemble du territoire, pour tous les publics, de tous les âges : des marathons de lecture, des concours et des dictées, des contes chuchotés à l’oreille des tout-petits, des invitations d’auteurs prestigieux, des jeux d’évasion ou encore des lectures gastronomiques.

La Nuit de la lecture 2020, placée sous le signe des partages

Le partage par les professionnels, bibliothécaires, libraires ou médiateurs du livre, de leurs connaissances, de leur passion et de leur expertise, mais aussi de leur goût du livre, de leurs coups de cœurs, de leurs conseils de lecture. Le partage entre lecteurs, car recommander un livre, un auteur, une saga, c’est prolonger le plaisir de lire. Le partage des cultures, car la lecture est une fenêtre ouverte sur le monde et même sur d’autres mondes, une ouverture sur l’autre et donc un facteur d’intégration dans la société.

Dans la région

En Occitanie, 258 lieux proposeront près de 600 animations réparties sur les treize départements, comme par exemple à la librairie Escalire à Escalquens (Haute-Garonne), qui organise une rencontre avec Christophe Léon, auteur de livres de jeunesse ; à la médiathèque de Castres (Tarn), avec une ouverture exceptionnelle des réserves accompagnée d’une visite guidée insolite et théâtralisée ; à la Maison d’arrêt de Carcassonne (Aude), où une dizaine de détenus rencontreront un auteur de bande dessinée ; ou enfin à la bibliothèque de Lédignan (Gard), qui proposera des lectures en pyjama autour du thème des chauves-souris et des hérissons. Le porteur du pyjama le plus original se verra remettre des chèques lecture.

Tout savoir : https://nuitdelalecture.culture.gouv.fr/

Ph.-M.

La Région Occitanie Pyrénées-Méditerranée compte plus de 700 médiathèques et environ 900 points lecture, ainsi que 61 l brairies labellisées “Librairie de Référence“. “Premier réseau d’équipements culturels de proximité, médiathèques et librairies participent à l’aménagement du territoire régional et jouent un rôle déterminant pour la promotion de la diversité éditoriale.”

Dis-Leur ! aime les livres !