Bande dessinée : “Astérix et le Griffon”, destination… froid !

Asterix ® - Obélix ® - Idéfix ® - © 2021 Editions Albert René / Goscinny Uderzo

À l’Ouest de l’Europe, Rome et sa civilisation bien installée (même si un petit village gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur !). À l’Est, le Barbaricum, ce vaste territoire inconnu, sauvage et inexploré, qu’occupent des peuples aux noms étranges… Pour en savoir plus sur le 39e album d’Astérix, il va falloir chausser des brogues molletonnées, enfiler un sayon bien chaud (*) et partir sur les routes à la recherche du mystérieux et terrifiant Griffon !

De grandes étendues sauvages, des gentils qui doivent se défendre contre des méchants, des scènes d’action à couper le souffle… Pas de doute, l’ambiance ressemble à un Western ! Mais voilà, en lieu et place des plaines désertiques de l’Arizona les auteurs ont choisi les steppes enneigées d’Europe de l’Est, celles du pays des Sarmates (**) !

Sur les traces d’Aristée de Proconnèse

“Je voulais suggérer un territoire lointain, une sorte de “Royaume sarmate” imaginaire, d’où le choix d’une zone située entre Russie, Mongolie et Kazakhstan. Des traces de sépultures de guerriers nomades ont été retrouvées dans ces régions de l’extrême Est de l’Europe. Et il se trouve qu’un certain Aristée de Proconnèse, poète Grec né vers 600 avant J.-C, y a situé ses étranges récits de voyages. Ça m’a donné l’idée de suivre ses traces et de placer là-bas mon petit peuple sarmate et son folklore de yourtes et de chamans”, explique le scénariste Jean-Yves Ferri.

Et le griffon du titre dans tout ça ? “Le Griffon dans l’album est l’animal-totem du Chaman (intermédiaire entre les humains et les esprts de la nature, NDLR). Il cristallise un peu l’ignorance des Romains et la manière fantaisiste dont ils imaginent la faune dans un monde, pour eux, encore largement inexploré. Même doté d’un corps de lion et d’une tête d’aigle, le Griffon ne leur parait au départ pas plus improbable que la girafe ou le rhinocéros…” précise Jean-Yves Ferri.

Et au fur et à mesure de leur progression vers les confins du Barbaricum, la conviction d’invincibilité des conquérants va faiblir. Et si le Griffon était vraiment le dieu des forces de la nature !? D’autant que nos amis gaulois, venus en renfort des sarmates ne vont pas leur faciliter la tâche !

“On retrouve tous les codes classiques du western”

Une nouvelle aventure qui emprunte donc pas mal de codes au western, comme le souligne le dessinateur Didier Conrad : “On retrouve en effet tous les codes classiques du Western (…) La recette est simple : des décors magnifiques, de l’aventure, de l’action à cheval et une nature hostile ! Ici, Astérix, s’est clairement rangé du côté des « sauvages » pour secourir au galop ses nouveaux amis et protéger leur animal totem, le Griffon (…) et un soupçon d’humour, bien sûr ! (…) J’espère en tout cas avoir pu retranscrire sur le papier ces formidables sensations que l’on peut tous ressentir face à un western traditionnel.”

Avec bien sur, une brochette de méchants comme on les aime. Ils sont trois cette fois : À la tête de la colonne de Romains envoyés par César pour capturer le Griffon, le centurion Dansonjus traîne son imposante silhouette dans les steppes enneigées. L’accompagnent les deux opposés que sont Jolicursus, un gladiateur spécialisé dans le combat avec animaux et Terrinconus, le géographe de César et tête pensante de cette expédition romaine (on reconnaîtra dans ce personnage un certain écrivain hexagonal bien connu)…

Les respect des valeurs de Goscinny et Uderzo

Réalisé un an et demi après la disparition d’Albert Uderzo, et album est empreint d’une réelle émotion. Ainsi, les Éditions Albert René s’associent à Jean-Yves Ferri et Didier Conrad qui déclarent : “Albert nous a fait confiance pour respecter les valeurs des personnages qu’il a créés avec René Goscinny en leur faisant vivre de nouvelles aventures. C’est avec beaucoup d’émotion que nous avons travaillé en son absence sur cet album qui, nous l’espérons, fera la joie de tous les lecteurs.”

Et les lecteurs ne manqueront pas. Quelques chiffres pour finir : Le premier tirage de ce 39e album, Astérix et le Griffon, sera de 5 millions d’exemplaires dans le monde (dont 2 millions en France), dans 17 langues différentes (dont le Basque et le Catalan,, mais malheureusement… pas l’Occitan). Allez ! Sortie le 21 octobre, on y est presque !

Philippe MOURET

(*) Les brogues sont des chaussures faites de plusieurs pièces de cuir cousues; le mot est dérivé du gaëlique brÒg). Le sayon est soit une casaque grossière de paysan , soit la casaque de guerre des Gaulois comme des Romains.
(**) Les Sarmates formaient un peuple nomade qui vivait au Nord de la mer Noire du VIIème siècle avant J.-C. jusqu’au VIe siècle de notre ère, remplaçant les Scythes en Ukraine, occupant la plaine hongroise et dominant toutes les steppes entre l’Oural et le Danube. Ce qui fait d’eux les ancêtres des Slaves.

Astérix et le Griffon, sortie le 21 octobre 2021. éditions Albert René, 48 pages, 9,99€. Il y aura également une édition de luxe en grand format, dos toilé, 128 pages,, 39€. Et un ArtBook comprenant deux livres sous coffret en plexiglas (1050 exemplaires), le découpage complet du story-board et deux tirés à part signés, 220€