Quand l’Art s’intègre dans la vie, il laisse rarement indifférent. Après les passages de Murakami, Jeff Koons ou Anish Kapoor, le château de Versailles a l’habitude de ces polémiques. La vénérable cité de Carcassonne lui a emboîté le pas, en accueillant une oeuvre du suisse Felice Varini… Les opposants montent aux créneaux ! Sans jeter d’huile (bouillante) sur le feu, petite défense de la créativité, tandis que le street-art investit les murs du port de Sète.
Pourquoi faut-il toujours que l’installation (provisoire, précisons le, ça a son importance) d’une oeuvre d’art contemporain dans un site historique suscite la polémique. On pourrait simplement trouver “audacieux”, voire “gonflé” d’avoir choisi le projet de Felice Varini, Cercles concentriques excentriques, pour célébrer le 20e anniversaire de l’inscription de la Cité de Carcassonne au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Une expérience esthétique exceptionnelle
Plus largement, cette intervention s’inscrit dans le cadre de la manifestation In Situ, Patrimoine et art contemporain dont Carcassonne est cette année la capitale régionale. Un événement qui offre, du 22 juin au 30 septembre un itinéraire d’exception en Occitanie-Pyrénées-Méditerranée (tout savoir en cliquant ICI) à travers 12 lieux et 12 expressions artistiques.
Mais comme avant lui, les visiteurs d’un été du Château de Versailles, Takahashi Murakami, Jeff Koons, Anish Kapoor ont déjà connu, autour de leur expression artistique confrontée à un contexte historique, ces interminables et stériles débats. Ainsi, sortis des murs d’un Centre d’art contemporain où ils ne dérangeraient personne pour s’installer en conquérant sur les pierres des fortifications audoises, les cercles jaunes interpellent, forcément. Mais d’abord, ils attirent l’oeil et suscitent avant tout la curiosité d’un large public.
Visible jusqu’au mois de septembre 2018, l’oeuvre est à la mesure du monument, exceptionnelle de par son ampleur et sa visibilité. Elle s’étend sur le front ouest des fortifications de la Cité. La perception complète de l’oeuvre se faisant uniquement devant la Porte d’Aude. Loin d’être défiguré, le monument offre ainsi au public une véritable expérience esthétique valorisant l’itinéraire pédestre de la Bastide à la Cité. Les 15 cercles de couleur jaune, constituant l’oeuvre, se déploient à partir d’un cercle ajusté dans l’ouverture de la Porte d’Aude. Et le dessin se propage dans l’espace comme une onde…
Il n’y a “aucun préjudice pour les pierres”
Des moyens considérables ont été engagés pour réaliser cette oeuvre. Une fois le dessin exécuté sur les murs, cordistes et techniciens ont encollé un support aluminium préalablement peint par des étudiants des Beaux-Arts de Carcassonne. Et il faut bien noter que “la technique est réversible et sans aucun préjudice sur les pierres.” S’il n’y a qu’un conseil à donner, il est simple : allez-y !!! Et faites vous votre opinion…
Mais si la bataille fait rage à Carcassonne, les hordes du street-art sont déjà comme chez elles dans les rues de Sète (Hérault). Comme chaque année, les artistes du K-Live (programme complet en cliquant ICI). L’événement a débuté ce jeudi, avec une performance des artistes Dr Ponce et Salamech qui ont réalisé un cadavre exquis sur le thème « Raconte-moi une histoire », sur la place Léon-Blum, face à la mairie.
Sète vous invite dans son Musée à Ciel Ouvert
Pour sa 11e édition, cinq artistes vont s’emparer de l’espace public. Ils laisseront leurs empreintes dans la ville de Sète et viendront enrichir le MaCO. Ce Musée à Ciel ouvert, c’est un peu la réponse aux détracteurs de l’art lorsqu’il échappe aux cimaises des musées et galeries. L’art urbain est chez lui sur les murs de Sète. Et désormais le MaCO s’est intégré à la vie même de la ville, en proposant aux visiteurs une balade artistique et pittoresque, jalonnée d’oeuvres murales.
Jusqu’au 3 juin, le K-Live accueille donc cette année Señor Octopus, Don Mateo, Ememem, Sun7 et Ratur. Ils vont à leur tour laisser leur empreinte picturale sur les murs d’une ville qui réconcilie ainsi les promeneurs, pas forcément férus d’art contemporain, avec la contemplation artistique, la gratuité de la découverte, l’ouverture à de nouvelles formes d’expression. Donc,encore une fois, un seul conseil : allez-y, déambulez et remplissez vous les yeux d’images et de couleurs !
Et Toulouse s’y met aussi, en organisant le 23 juin son Graff’Tour, une visite guidée à faire en compagnie d’un guide-conférencier et d’un artiste graffeur. Tous les détails et réservation en cliquant ICI. Et à Montpellier, la Nef, boutique métiers d’art d’Ateliers d’Art de France met aussi le street art à l’honneur. En partenariat avec la Ville de Montpellier, l’association LaruedelU et d’Atelier Les Bonjour, elle a invité douze artistes urbains français et étrangers à réaliser leur œuvre en direct sur l’esplanade de l’Agora, rue de l’Université. Les œuvres font l’objet d’une exposition et vont être mises aux enchères ce samedi 2 juin, de 10h à 18h au sein de la Nef.
Philippe MOURET