Air et mer : Ces brevets qui font découvrir des métiers qui embauchent

Les fraîchement diplômés du brevet d'initiation aéronautique. Ph. Christophe Renoust

Lancé au niveau national il y a peu, le BiMer, brevet d’initiation aux métiers de la mer, est désormais proposé dans l’académie de Montpellier. Son équivalent des métiers de l’aérien, hyper demandé, fait le plein de diplômés chaque année. Les deux permettent d’aider les élèves dans leur projet d’orientation en leur montrant la diversité des métiers dont certains sont porteurs économiquement.

L’académie de Montpellier est partenaire d’Escale à Sète qui se tient en avril 2022. Sophie Béjean, la rectrice, était à Sète il y a quelques jours.”J’étais très heureuse d’y participer : l’académie de Montpellier est partenaire pour la première fois de ce magnifique événement. Nous allons parrainer la partie enseignement baptisée Escale Buissonnière. L’idée est d’emprunter des chemins de traverse pour aller participer à des ateliers, visites qui permettent d’accéder à la connaissance, de découvrir des métiers, des compétences, des savoirs, la protection des milieux marins, la question environnementale, etc. Élèves et établissements, notamment ceux des métiers du nautisme – le Nauticampus – , vont donc y participer. Nous avons également lancé le BiMer, le brevet d’initiation aux métiers de la mer proposé aux élèves de certains établissements.”

“L’objectif n’est pas de les orienter directement vers des métiers ensuite mais leur donner envie…”

Sophie Béjean sur l’Abeille Flandre à Sète lors de la présentation d’Escale à Sète. Ph. Christophe Renoust

C’est un diplôme que les élèves, collégiens ou lycéens de certains établissements, vont pouvoir passer à un moment de leur scolarité. Déjà quatre lycées et un collège partenaires. “C’est une vraie formation qui est proposée à raison de 40 heures d’enseignement par élève au cours desquelles ils vont découvrir la diversité des métiers de la mer. Et peut-être aussi apprendre l’anglais maritime. C’est un investissement important pour ces élèves. Ils bénéficient en outre de partenariats de grande qualité dans ce cadre-là, avec la Marine nationale, Escale à Sète, le CNES, etc. Toutes les questions de météo marine passionnent aussi. L’objectif n’est pas de les orienter directement vers des métiers ensuite mais leur donner envie, de leur montrer qu’il existe une grande diversité de métiers et de nombreux débouchés sur mer et sur le littoral.”

“Rapidement, beaucoup d’élèves suivront la formation…”

Ce brevet permet d’aider les élèves dans leur projet d’orientation en leur montrant la diversité des métiers liés à la mer et l’existence de certains métiers porteurs. Envisager un bac pro, par exemple, ensuite. “Ou voire plus loin, renchérit la rectrice, Sophie Béjean, on peut ensuite s’orienter vers des métiers de la météo, par exemple.” Peut-on s’attendre à un engouement ? Je fais le parallèle avec le brevet aéronautique déjà présent en Occitanie dans les académies de Toulouse et Montpellier. Et où il y a eu une montée en charge très rapide. J’aimerais que l’on ait le pendant avec le BiMer. Je suis sûre que cela permettra rapidement à beaucoup d’élèves à y participer.”

Montpellier, Sète Nîmes, Canet-en-Roussillon

Lors de la remise des Brevets “aériens” ce jeudi à l’aéroport de Montpellier. Ph. Christophe Renoust

On aura pour cette première cession de 50 à 70 élèves qui y participeront cette année. Ce diplôme s’adresse aux collégiens et lycéens. Pour l’instant, seul le collège des Aiguerelles, à Montpellier, est habilité à délivrer cette formation ; mais aussi trois lycées sous ma responsabilité : Joliot-Curie, à Sète, celui des métiers Jules-Raimu, à Nîmes ; le lycée Rosa-Luxembourg, à Canet-en-Roussillon, également le siège de notre campus des métiers et qualifications sur les métiers du nautisme, nauti-campus. Et enfin le lycée de la Mer Paul-Bousquet de Sète qui dépend directement du ministère de la Mer. On est en train de former 25 professeurs pour que l’année prochaine, on puisse ouvrir ce diplôme plus largement et qu’il y ait une montée en puissance. J’aimerais vraiment que ce BiMer soit l’un des atouts de ce territoire pour nos élèves. Dès l’année prochaine, il y aura un plus grand nombre d’établissements proposant cette formation.

Explorer métiers et secteurs porteurs

Construction des navires, flottabilité et sécurité, météo, règlementation, enjeux environnementaux, etc. : les thèmes abordés par ce nouvelle formation dans la région, le BiMer, est une voie d’exploration vers des secteurs et des métiers porteurs économiquement. Une façon de s’approprier une connaissance maritime que l’on n’a pas forcément acquise dans notre région qui compte 200 km de côtes. “C’est une formation complémentaire. Ces heures-là peuvent aussi être dédiées à la visite d’un navire, rencontrer les acteurs de la Marine nationale ou la Société nationale de sauvetage en mer. Il y avait sans doute une demande. C’était surtout une volonté des partenaires, de l’Education nationale de mieux faire connaître ces métiers et de leur apporter des connaissances dans ces domaines.”

“C’est une excellente idée ! Nous allons promouvoir nos métiers au-delà des enfants des traditionnelles familles de marins…”

Sylvain Pélegrin, directeur du Lycée de la Mer de Sète

Directeur du lycée de la Mer de Sète, Sylvain Pélegrin porte un regard pragmatique. “C’est une excellente idée ! Nous nous y investissons beaucoup. Cela va nous permettre de promouvoir nos métiers au-delà des enfants des traditionnelles familles de marins. Et de toucher directement les prescripteurs de nos métiers, les profs de collèges, qui auront à l’esprit que nous existons. Nous ferions ainsi un recrutement plus qualitatif et plus quantitatif. Car il y a des besoins dans la pêche, la conchyliculture et même plus largement dans le commerce et la vente car il se profile un renouvèlement : certains marins, avec les confinements, ont posé lever leur sac à terre et n’envisagent pas forcément de reprendre leur métier. Nous sommes en train de structurer la formation menant à ce diplôme.” Quarante professeurs de l’éducation nationale sont ainsi à former, qui exercent essentiellement dans les collèges.

Deux cents brevets aéronautiques délivrés

Après la mer, l’air. Ce jeudi 18 novembre, a eu lieu une soirée de remise de diplômes, les brevet d’initiation aéronautique (BIA), à deux cents élèves à l’aéroport de Montpellier-Fréjorgues, en présence de partenaires et personnalités (directeur de l’aéroport de Montpellier, maire de Pérols, aéroclubs, pilotes de ligne, ENAC, Airways…) La soirée a débuté sur des retours d’expérience entre des étudiants du domaine de l’aéronautique et du spatial (ingénieurs, élèves pilotes, hôtesses et stewards, recherche spatiale) et les élèves nouvellement diplômés de ce BIA, “afin de les inciter à poursuivre une formation dans ce secteur porteur”, précise le rectorat de montpellier.

En 2020, 1 200 élèves ont préparé le brevet aéronautique

Depuis quand existe-t-il, ce brevet ? Nicolas Cheymol, conseiller académique pour la promotion des sciences, de la technologie, de l’aéronautique, du spatial et de la mer, rappelle que l’on a “fêté les 50 ans du BIA en 2018. Dans l’académie, il a été mis en place dès sa création et porté par les recteurs successifs. Nous sommes parmi les toutes premières académies de France en terme de nombre d’élèves préparant le BIA et réussissant l’examen. L’an dernier, 1 200 élèves – de 4e jusqu’en terminale et même en IUT ou à la fac – ont préparé ce brevet sur 15 000 pour tout l’Hexagone dans un peu plus de 80 établissements répartis dans toute l’académie.” Un maillage qui permet à chaque jeune qui le souhaite de trouver un centre de préparation.

Les effectifs ont doublé en six ans

Ce brevet d’initiation est-il très demandé ? “Depuis de nombreuses années, répond Nicolas Cheymol,  il y a un véritable engouement pour découvrir le monde de l’aéronautique et du spatial. Depuis six ans, les effectifs chez nous ont quasiment doublé. Souvent, les métiers de l’aéronautique et du spatial et les filières de formation sont encore ignorés ou méconnus du grand public, et notamment des élèves et de leurs parents. Pire encore, ces métiers sont souvent associés à de forts préjugés et stéréotypes (origine sociale, genre). Dans ce domaine pluridisciplinaire, il est donc nécessaire de proposer au plus grand nombre une découverte et/ou une initiation à la culture scientifique et technique aéronautique et spatiale à la croisée des secteurs professionnels, sportifs et éducatifs, afin de susciter des vocations, de donner de l’ambition aux élèves, et de lutter contre toutes les formes d’autocensure vers ces métiers et les filières de formation.”

Olivier SCHLAMA

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