Réclamant une loi anti-sexiste, un collectif d’associations féministes a déposé un recours contre la dernière campagne d’affichage de la ville de Béziers pour y faire venir le TGV, apparemment déjà retirée devant la polémique. La décision de justice a été examinée ce jeudi 14 décembre 2017 au tribunal administratif de Montpellier. “On se dirige vers un non lieu”, explique l’avocate Lorraine Questiaux. Mais le collectif a aussi déposé une requête au fond qui sera examinée dans plusieurs mois. Contacté, Robert Ménard s’était dit, mercredi, “serein”.
“Alors que les violences sexistes et sexuelles soulèvent une vague de révolte internationale et que la lutte contre ces violences est la Grande Cause nationale du quinquennat, nous nous indignons contre les provocations à répétition de Robert Ménard, maire de Béziers” (élu avec le soutien du FN, Ndlr), écrivent ces associations.
Robert Ménard, maire de Béziers : “Le tribunal administratif étudiera ces requêtes jeudi matin. J’attends serein la décision de la justice.”
Contacté par la rédaction de Dis-Leur, alors qu’il était dans un train, Robert Ménard a confirmé que “cinq associations “féministes” ont porté l’affaire devant la justice. “Le tribunal administratif étudiera ces requêtes jeudi matin. J’attends serein la décision de la justice.” La polémique a fait florès depuis quelques jours.
Le collectif rappelle qu’en août 2015, “Robert Ménard affiche dans le journal municipal de Béziers, une image de fessée administrée par un homme à une femme allongée sur ses genoux, pour illustrer sa victoire contre la Ligue des Droits de l’Homme qui s’opposait à l’installation d’une crèche dans le hall de l’hôtel de ville.
En mars 2017, le même collectif relève que, “dans le journal municipal, la campagne d’information sur le ravalement de façades des bâtiments est illustrée par le dessin d’une femme, tête à l’envers, édentée, nez, crochu, traits marqués. Comprendre : la ville de Béziers avant le ravalement de façades. La deuxième partie de l’iconographie montre la même femme, après les «travaux», impeccablement coiffée, fraîche, pimpante et ultra sexualisée.”
“Avec le TGV, elle aurait moins souffert !” L’affiche fait référence à un féminicide de juin 2017. Un homme avait ligoté sa femme, avant de la jeter sur les rails du TGV Paris-Nantes.”
Il y a aussi septembre 2017, où “une affiche dans la ville associe baisse de dotations de l’État et violences au sein du couple : un homme étrangle une femme. Un référé liberté puis suspension et une requête sur le fond avaient été déposés par le CNDF, le Collectif 13 pour les Droits des Femmes et Citoyennes Maintenant.” Et, enfin, en “décembre 2017 : à l’occasion d’une campagne de communication pour faire venir le TGV à Béziers, l’affiche placardée dans la ville montre une jeune femme, apeurée, ligotée sur des rails, une vieille locomotive à vapeur arrivant sur elle. Avec la légende : “Avec le TGV, elle aurait moins souffert !” L’affiche fait référence à un féminicide de juin 2017. Un homme avait ligoté sa femme, avant de la jeter sur les rails du TGV Paris-Nantes.”
En 2016, 123 femmes sont mortes sous les coups d’un homme. “Les féminicides sont encore nombreux dans notre pays. Ces images ont des conséquences dramatiques : en banalisant les violences, elles ancrent un peu plus dans la société et dans l’inconscient collectif que le corps des femmes n’est qu’un objet qu’on peut brutaliser”, insiste le collectif qui “réclame une loi anti-sexiste qui une fois pour toutes permettrait d’empêcher l’affichage dans l’espace public d’images faisant l’apologie des violences faites aux femmes, et constituant un appel à la haine et au meurtre des femmes. Nous réclamons le retrait immédiat de cette campagne d’affichage par la justice et des sanctions contre M. Ménard de la part de l’autorité préfectorale, comme la loi le lui autorise.”
La nouvelle campagne d’affichage de la ville de Béziers a provoqué un tollé, dès la première affiche posée lundi. Entre autres, l’ancienne ministre PS du Droit des femmes, Laurence Rossignol a déposé immédiatement plainte auprès du procureur de lé République de Béziers ; le préfet de l’Hérault a, lui, saisi le même procureur, annonçant qu’une enquête avait été ordonnée.
Olivier SCHLAMA