Académie de Montpellier : “La carte scolaire la plus violente depuis des années”

Les parents de l'école des Lavandins sont mobilisés, comme ceux de trois écoles Sète mais a priori la commission départementale y fermera les classes. Photo : DR.

Le conseil départemental de l’Éducation nationale (CDEN) qui s’est tenu ce vendredi 16 février, a entériné la fermeture de nombreuses classes, notamment dans l’Hérault et l’académie de Montpellier pour répondre aux besoins des dédoublements de classes en Rep.

C’est le coordinateur académique pour le syndicat enseignant Sunipp qui le dit  : “Il aurait fallu au moins une dotation de 300 postes d’enseignants pour les écoles maternelles et primaires à la rentrée 2017-2018 pour couvrir tous les besoins de l’académie de Montpellier dont une centaine de postes rien que pour l’Hérault en forte progression démographique.” Éric Perles et les autres instituteurs de l’académie ne pourront compter que sur 150 postes supplémentaires pour les épauler et répondre à un double défi : une progression démographique (on aurait 650 élèves de plus à la prochaine rentrée) continue et la mise en place d’une nouveauté de l’Education nationale dans les écoles primaires : le dédoublement de classes dans des zones d’éducation prioritaires. Malheureusement, le CDEN de vendredi n’a fait que le confirmer.

Fermetures d’une classe à l’école des Lavandins à Frontignan et de trois classes à Sète

Il n’y aura pas eu de revirement lors du CDEN de ce vendredi16 février : par exemple, l’école des Lavandins, à Frontignan, près de Sète, en a fait les frais en perdant un poste d’enseignant à la rentrée 2018-2019 pour répondre justement aux besoins des REP. Selon le Snuipp, l’un des syndicats d’enseignants, de nombreuses écoles sont dans ce cas.

Après un rassemblement devant l’école, des parents avaient noirci une pétition et manifesté début février devant le rectorat. Jean-Baptiste Vincensini, porte-parole de l‘autre syndicat d’enseignants, Sud Education, insiste, lui, sur cette logique de politique à “moyens constants” et de réaffectations, consistant à récupérer des enseignants dont on a fermé les classes pour les affecter au futur dédoublement des classes prévu pour certains CE1 et CP en Rep Plus (zones d’éducation prioritaires) de l’académie” (…) Idem pour trois écoles de Sète (Michelet, Agnès-Varda et Hélène-Boucher), où un collectif de parents s’est particulièrement mobilisé face aux fermetures de classe. En vain. “Certaines écoles seront en grève ce vendredi. Après avoir rencontré Rémi Cazanave, l’inspecteur de circonscription ce lundi, notre collectif va être reçu ce vendredi matin au rectorat. Nous espérons que cela va bouger dans le bon sens”, réagit François Phalippou. Le blocus de l’école Varda, rendue inaccessible aux instits, a été un coup d’épée dans l’eau et n’empêchera pas la fermeture d’une classe dans ces trois écoles.

Trois fois plus de fermetures qu’à la rentrée 2017

Pour le principal syndicat d’enseignants, le Snuipp, “décidée au niveau national par le gouvernement et répartie localement, la dotation en postes est en chute libre : + 206 postes dans l’Hérault à la rentrée 2016, + 121 postes pour 2017, + 72 pour 2018. Pourtant, les besoins augmentent fortement à la rentrée 2018, car les dédoublements des CP/CE1 en éducation prioritaire nécessitent à eux seuls 84 postes ! De plus, le rectorat prévoit 650 élèves supplémentaires à la rentrée et nous estimons que cela pourrait même s’approcher de 1 000 comme les années précédentes.”

“Cette carte scolaire est donc la plus violente depuis plusieurs années, avec notamment trois fois plus de fermetures qu’à la rentrée 2017. Les écoles rurales et les écoles maternelles sont les plus touchées par les fermetures, avec des classes à multi-niveaux chargées. De nombreuses écoles, notamment à Montpellier où la pression démographique est forte, vont atteindre ou dépasser 30 élèves par classe.”

Une nouvelle école va bien ouvrir ses portes, l’école Germaine-Richier mais on ne sait pas avec combien de classes ni d’instituteurs…”

A noter, quelques points positifs lors de ce CDEN qui est “revenu, dans l’Hérault, sur la fermeture d’un poste à l’école de Villetelle ; à Mèze et Mauguio, on vérifie la répartition des effectifs futurs en maternelle ; annulation de fermeture de classe aussi à Saint-Chinian,  Castelnau-de-Guers ou à Lespignan. Et on a réussi à garder dans le dispositif “plus de maîtres que de classes” quatre écoles : Saint-Pons, Saint-Gervais-sur-Mare, Lodève et Montpellier”, selon Magali Kordjani du Snuipp 34. Elle ajoute cependant que pour “Montpellier, le rectorat n’a aucune visibilité tant l’urbanisation est galopante et les projections d’effectifs peu fiables. Une nouvelle école va bien ouvrir ses portes, l’école Germaine-Richier mais on ne sait pas avec combien de classes ni d’instituteurs…”

Olivier SCHLAMA

Le projet du gouvernement : http://www.education.gouv.fr/cid187/l-education-prioritaire.html