8-Mars : Journée internationale des Droits des Femmes, de mairies en châteaux

Claire et Marion Bortolussi du Château Viella. A la tête du domaine, les deux sœurs sont la quatrième génération de vignerons.

L’Observatoire régional de la parité d’Occitanie vient d’élaborer un point d’étape, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars. “Cet état des lieux permet de mesurer le chemin pour que l’égalité femmes-homme progresse dans la sphère politique”, indique sa présidente, Geneviève Tapié. Cette journée du 8 mars, c’est aussi l’occasion de vous proposer une escapade, à la rencontre de personnalités féminines du monde du vin…

En France, la parité dans les communes est passée de 3,1 % en 1947 à 42,4 % en 2020 et le nombre de femmes maires a augmenté de 0,7 % à 19,8 %. Cette hausse est due à la loi du 6 juin 2000 qui impose la parité dans les listes des communes de 1000 habitants et plus.

Le résultat n’est pas brillant dans les intercommunalitésEn Occitanie, on compte 34,9 % d’élues et 6,9% de présidentes. En revanche, la proportion de femmes élues dans les départements en France a grimpé de 0,7 % en 1958 à 13,8 % en 2001, avec un énorme bond à 50,1 % en 2015. Consécutif il est vrai à la loi du 17 mai 2013 qui impose un “binôme” femme-homme dans chaque canton.

Presque 43% d’élu(E)s pour le région Occitanie

Dans les Régions, la parité a progressé. En Occitanie Carole Delga incarne une
assemblée régionale avec 42,9 % d’élues et 47,7 % de vice-présidentes. A l’Assemblée nationale, la part des femmes a stagné jusqu’en 1993 (6,1 %). Deux hausses ont suivi : 10,9 % en 1997, en raison du quota propre au parti socialiste, et 12,3 % en 2002, autre effet de la loi du 6 juin 2000 qui a permis d’atteindre 38,8 % en 2017 avec une meilleure prise en compte de la parité par les partis politiques.

Le vote est un acte essentiel, mais il faut aussi une vraie volonté politique pour faire évoluer les choses en faveur de la parité. photo D.-R.

“C’est très clair, souligne Geneviève Tapié, en l’absence de contraintes légales fermes, les stratégies de cooptation et d’entre-soi masculin se perpétuent. Le partage des responsabilités s’arrête aux portes du pouvoir…”

L’Observatoire régional de la parité d’Occitanie pointe notamment la situation dans les communes, en analysant (voir le dossier complet en annexe) les résultats des municipales de 2020 : 839 femmes ont été élues maires parmi les 4.407 communes d’Occitanie, soit 19,04% de cet effectif global. On relève une faible progression de leur représentation, à peine supérieure à 3 % depuis le précédent renouvellement de 2014.

Colomiers, une exception en Haute-Garonne

Surtout, l’Observatoire établit un constat sans appel : “Plus l’on s’éloigne des petites communes, plus il y a du pouvoir, de l’influence, plus les ressources sont importantes, moins on rencontre des femmes maires : 687 d’entre elles, soit une très large majorité de 82 %, président aujourd’hui en Occitanie aux destinées de municipalités de moins de 1000 habitants.”

En Haute-Garonne, une première magistrate préside, juste derrière Toulouse (480.000 habitants), aux destinées de Colomiers (40.000 habitants) : Karine Trabal-Michelet, deuxième vice-présidente de Toulouse Métropole (785.000 habitants).

Dans ce département très peuplé, pourvu de nombreuses communes, c’est la seule dans ce cas. Deux municipalités avoisinant les 50.000 habitants sont détenues par des femmes, à Albi, Tarn, 49.000 habitants (Stéphanie Guiraud-Chaumeil, présidente du Conseil d’Agglomération du Grand Albigeois, 82.000 habitants), ainsi qu’à Montauban, Tarn-etGaronne, 63.000 habitants (Brigitte Barèges [*], présidente de la Communauté du Grand Montauban, 78.000 habitants).

Aucune femme maire d’une ville de plus de 100.000 habitants

Une grande faiblesse caractérise le poids de représentation des femmes à la tête des villes chefs-lieux de département (15,38 %). Point caractéristique : “en Occitanie aucune femme n’est maire dans les préfectures de plus de 100.000 habitants (Toulouse, Montpellier, Nîmes, Perpignan), ce que l’on ne peut que regretter”, commente l’Observatoire de la parité.

Pour Geneviève Tapié, à la veille de la Journée du 8 mars, le constat est clair : “Si
certaines figures importantes, tant en Occitanie qu’en France, occupent symboliquement la lumière, le plafond de verre n’est toujours pas brisé. Plus de vingt ans après la modification constitutionnelle de juillet 1998, qui acte le principe d’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives et après quatre renouvellements électoraux (2001, 2008, 2014, 2020), la tendance générale des communes est encore bien éloignée de la parité …”

Pour Geneviève Tapié, “le combat continue !”

Et de conclure : “Si rien n’est fait par le législateur, en l’absence, comme aujourd’hui, de toute contrainte paritaire, le partage véritable, entre les femmes et les hommes, tant du pouvoir que de la gouvernance sera encore loin d’une réalité. Notre combat pour la parité continue !”

Philippe MOURET

[*] Brigitte Barèges a perdu en janvier 2021 son mandat de maire de Montauban, après un jugement du tribunal de Toulouse la condamnant à cinq ans d’inéligibilité et 15.000 euros d’amende pour détournement de fonds publics. L’élue nie tout ndétournement de fonds public et a fait appel de la décision.

Portraits de vigneronnes passionnées :

A l’occasion du 8 mars, nous vous proposons une immersion 100% féminine du Sud-Ouest à la Provence, en passant par la Vallée du Rhône, pour décrouvrir les portraits de vigneronnes passionnées et passionnantes.

La route est longue, mais chaque étape réserve la découverte d’un savoureux mélange de saveur des vins (à consommer avec modération) et de parcours de vie exceptionnels. Et démarrons ce périple en Haute-Garonne, à 35 kilomètres au nord de Toulouse…

Morgane Jouan : Château Terre Fauve

Terre Fauve est un domaine viticole de 11,5 hectares. Les vins y sont élaborés dans le Château Terre Fauve, construit au moyen-âge et lieu de vinification depuis l’an 1600. Morgane (avec Nicolas) a pris en charge le domaine. Photo Droits réservés.

C’est à Fronton que se dresse le Château Terre Fauve, dont Morgane Jouan (avec Nicolas Baudet) est propriétaire du Château en tant que oenologue et vigneronne. Après l’obtention d’une licence de biologie, du diplôme national d’œnologue et d’un master de recherche œnologique à Bordeaux, Morgane a forgé son expérience en production viti/vinicole au sein de divers Grands Crus bordelais.

Forte de ses expériences en production, elle s’est alors tournée vers la recherche scientifique en réalisant en 2019 un master complémentaire de chimie analytique des arômes des vins. Elle étudie alors les molécules composant le bouquet de vieillissement des vins rouges bordelais…

Enfin, en 2020, elle vinifie pour le groupe Clarence Dillon, au château Quintus, grand cru de Saint-Emilion, avant de se lancer dans l’expérience Terre Fauve. Actions : ça déménage et ça dépoussière le Fronton ! Elle change tout de A à Z : le nom commercial, rénovation de la bâtisse, vendanges parcellaires, nouvelles cuvées, nouveaux modes de commercialisation, transition vers l’agriculture bio, diminution des rendements, designs nouveaux, etc.

Claire et Marion Bortolussi : Château Viella

En route pour le Gers. Plein ouest durant un peu plus de deux heures, jusqu’au  Château Viella, ses vignes, entre Madiran et Pacherenc du Vic Bilh. Chez les Bortolussi, on est vigneron(nes) de père… en filles ! A la tête du domaine, deux sœurs : Claire et Marion (notre photo de “Une”), quatrième génération de vignerons.

Marion est diplômée en viticulture-œnologie et s’attèle à prendre la suite de la culture de la vigne et du travail d’élaboration des vins. Claire se charge des aspects de gestion, d’accueil et commercialisation.

En 2017 elles obtiennent le label HVE 3 : une reconnaissance officielle de la performance environnementale des viticulteurs et des agriculteurs. En 2018 : inspirée par ses voyages et son questionnement sur les changements climatiques,
Marion agrémente à son tour le début des Jardins d’Aure en plantant un conservatoire de 8 cépages, habituellement implantés à l’étranger ou presque
oubliés.

Depuis 2020 elles travaillent sur la refonte des habillages des vins en vue de garder l’identité historique du domaine tout en apportant leur définition de ce que doivent désormais représenter leurs cuvées.

Diane de Puymorin : Château d’Or et de Gueules

Diane de Puymorin donne des lettres de noblesse à l’AOC Costières de Nîmes

Après un bon moment de repos, en route vers l’est… A la rencontre des vins de la Vallée du Rhône. Et première étape à Saint-Gilles dans le Gard. Pour découvrir le Château d’Or et de Gueules, AOC Costières de Nîmes, dont les charmes ne sont pas qu’héraldiques (référence au blason de la famille Puymorin, le nom du domaine reflète par ses couleurs la personnalité des vins qui y sont élaborés : l’Or traduit l’ampleur, la richesse et le Rouge -Gueules en héraldique- fait référence au caractère, à la puissance et à l’élégance).

Diane a créé son domaine de toute pièce. Elle réalisait ainsi son rêve en devenant vigneronne, alors que rien ne la prédestinait à ce métier. Originaire de la région
parisienne et sans aïeuls vignerons. Forts d’expériences professionnelles variées, Diane de Puymorin et Mathieu Chatain sont arrivés en Costières de Nîmes avec un regard entrepreneurial neuf, et la volonté de positionner le domaine parmi les leaders qualitatifs de l’appellation.

Ils travaillent en biodynamie et sont parmi les premiers de l’appellation à avoir terminé leur conversion avec les blancs et les rosés. Le domaine du Château d’Or et de Gueules est classé parmi les 100 meilleurs domaines du monde par la revue américaine Wine & Spirits.

Cécile Dusserre : Domaine de Montvac

Cecile Dusserre milite pour “une vigne en phase avec la nature.” Photo D.-R.

Il faut passer la frontière entre le Gard et le Vaucluse, entre l’Occitanie et PAcA (Provence-Alpes-Côte d’Azur) pour rejoidre Vacqueyras et le Domaine de Montvac.

Cécile Dusserre, après avoir longtemps pratiqué la danse classique, s’est finalement consacrée à sa passion pour le vin. Aujourd’hui, le domaine est conduit en culture Biologique avec une certification Ecocert. Et “la vigne est en phase avec la nature pour donner le meilleur et apporter toute la complexité et la singularité aux différentes cuvées.”

“Le Domaine de Montvac est un domaine familial (créé en 1860, NDLR) qui se transmet de mère en fille depuis 5 générations. J’ai le plaisir d’annoncer la sixième génération avec l’arrivée de ma fille Amélie. Après une licence de commerce du vin elle m’accompagne désormais afin de perpétuer la conduite du domaine dans le respect du terroir et valeurs qui nous sont chères, tout en y apportant la dynamique de sa jeunesse” explique Cécile.

Natacha Chave : Domaine Aléofane

Une certaine philosophie du vin pour le Domaine Aléofane. Photo D.-R.

Nouvelles frontières pour se rendre plein nord, dans la Drôme en région Auvergne-Rhône-Alpes. C’est à Mercurol que vous attend Natacha, qui parle avec autant d’enthousiasme de vin et… de Nietzsche ! Le Domaine Aléofane (référence à une île imaginée par John Macmillan Brown dans son ouvrage Riallaro. The Archipelago of Exiles, paru en 1901).

En effet, après s’être engagée dans une maîtrise de philosophie, Natacha Chave décide de changer de voie en 2004 pour se tourner vers le monde du vin, tout comme ses parents et son frère Yann Chave.

Dès le départ, elle est soucieuse du respect de l’environnement, de la nature, des sols et des raisins : “Comme beaucoup de vignerons de ma génération, j’ai choisi de sortir des carcans des décennies passées en refusant les herbicides et les insecticides puis en convertissant mes vignes en bio” souligne-t-elle.

Elle ajoute : “De même, je n’utilise pas d’éléments exogènes, comme des levures ou des enzymes, lors des vinifications et conserve un vin non filtré, non collé et peu sulfité : c’est ce qui permet aussi d’identifier un vin et de respecter jusqu’au bout
un terroir.” Indubitablement, les Crozes-Hermitage ont beaucoup gagné avec cette vision philosophique de la viticulture !

Audrey et Leslie Baccino : Domaine des Peirecèdes

Une affaire de famille, avec les Baccino dans le Var. photo D.-R.

Dernière étape dans le Var (et donc retour en PAcA), à Cuers. Encore une histoire de famille avec père et filles Baccino. Depuis 1900, le Vignoble des Peirecèdes a porté six générations de  vignerons et désormais de vigneronnes (et ils se dit là bas que “les petites filles Georgia et Lisa dès leurs premiers jours se sont imprégnées de la passion de leurs mères  pour ce métier…”

Audrey et Leslie travaillent aux côtés de leurs parents, Alain et Véronique, sur l’exploitation familiale, le Domaine de Peirecèdes. Audrey, Œnologue, vinifie les vins avec beaucoup de raffinement et de précisions. Leslie gère quant à elle le pôle administratif de la société avec Véronique,

Après être parties pour leurs études, elles n’ont pas hésité longtemps avant de revenir au domaine familial. Elles ont chacune leurs spécificités, ce qui les rend
complémentaires et inséparables.

Ph.-M.

Des entrepreneures de la Tech Toulousaine témoignent :

La French Tech Toulouse s’entoure de 13 entrepreneures à la tête de startups toulousaines pour lancer un message positif et inciter plus de femmes à se lancer dans l’entreprenariat. Elles sont interrogées sur leurs motivations, les personnes qui les ont inspirées et leur vison de l’entreprenariat….

Si leurs histoires sont différentes, leurs discours se rejoignent autour des mêmes valeurs, du même enthousiasme et leur cri est unanime envers les autres femmes : “Osez !”  Lire la suite…

En Haute-Garonne, “l’égalité Hommes/Femmes c’est plus qu’un jour”

Le Conseil départemental de la Haute-Garonne propose tout au long du mois du mars, autour de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, de nombreuses manifestations autour de l’égalité femmes-hommes, gratuites et ouvertes à tous. En raison du contexte sanitaire, l’ensemble de ces manifestations sont proposées en format virtuel. Lire la suite…