Balaruc : Aux thermes, la semaine de réouverture se clôt avec la démission surprise du P.-D.G.

Thermes de Balaruc-les-Bains. Photo : Olivier SCHLAMA

La mécanique bien huilée semble s’être soudain grippée. La première station thermale de France traverse une crise aux raisons pour l’instant floues. Dis-Leur a interviewé en exclusivité le maire de la commune, Gérard Canovas, tout aussi “surpris que vous pouvez l’être”, dit-il...

Avec ses 53 000 curistes par an, Balaruc-les-Bains est une réussite saluée jusqu’au niveau national. Une locomotive économique exemplaire d’un territoire qui est regardée par les 112 autres stations thermales de l’Hexagone dont 27 sont en Occitanie. Le thermalisme est l’un des secteurs qui a été le plus touché par les conséquences de la crise sanitaire.

Pour sa première semaine, la station balarucoise a accueilli avec entrain 1 100 curistes contre 1 500 habituellement, jauge oblige. “Notre déficit, qui était de 10 M€, a été ramené, notamment grâce aux aides publiques, notamment de l’Agglopole à 7,5 M€. En clair, nous n’avons plus de trésorerie. Il ne nous reste que le capital social, soit 2 M€”. Et c’est à ce moment-là de la relance et sans doute d’une diversification de ses activités à l’avenir, que la station traverse une crise.

Thierry Cours, votre maire-adjoint et P.-D.G. des thermes, vient de démissionner. Il nous l’a confirmé ce matin. Que se passe-t-il ?

Photos : Olivier SCHLAMA

J’ai reçu sa lettre de démission en recommandé ce vendredi matin. Il a dû prendre sa décision mercredi ou jeudi. Je n’y comprends rien. Les thermes, quand nous sommes arrivés aux affaires en 2008, étaient en régie municipale. C’était une tradition depuis un siècle. Ce n’était plus adapté. Nous avons fait un choix qui n’est pas idéologique de la transformer en Spleth pour mieux en maîtriser le développement. C’est une société publique locale qui fonctionne comme toute société mais avec des actionnaires publics.

Le P.-D.G. démissionnaire nous a dit ce matin qu’il “se passe des choses graves que je ne veux pas cautionner”, sans dire s’il s’agit d’un problème de personne, de finances ou d’autre chose. De quoi s’agit-il ?

Je n’y comprends rien… J’ai été P.-D.G. des thermes jusqu’en novembre 2020. Mais entre la mairie et ma délégation comme vice-président de l’Agglo chargé de l’habitat, cela faisait trop. J’avais donc présenté Thierry Cours aux autres élus du conseil municipal ; il nous fallait un élu qui devienne P.-D.G. Je le connais. Il a les compétences techniques pour cela. Il a commencé comme inspecteur des impôts comme moi et ensuite il est devenu directeur fiscal d’une revue fiduciaire. Je ne comprends pas ce qu’il lui arrive.

Il a dû quand même vous parler de cette démission…?

Oui, je l’ai vu… Mais on en a parlé que de façon floue. Il m’a dit qu’il fallait se séparer de l’actuel directeur que nous avons nommé, un manager de transition, comme l’on dit. Alors qu’il en était content auparavant. Il m’avait même dit que ce manager de transition, que l’on a recruté via un cabinet spécialisé, se voyait même dans la peau du directeur permanent des thermes. Ce manager transitoire est arrivé il y a seulement trois semaines.

Qu’a-t-il bien pu faire de si terrible ? Je ne vois pas. C’est Thierry Cours qui était PDG, pourtant. Selon lui, la première semaine était parfaite. La seconde aussi. Plus la troisième… Pourtant, jusqu’à mardi, pour moi, tout allait bien, même si j’avais remarqué un petit changement de ton chez Thierry Cours. Je ne comprends pas ce revirement. Je suis surpris comme vous devez l’être. Il a dû prendre sa décision mercredi ou jeudi…

Cela fait beaucoup de changements pour la première station thermale de France depuis l’arrivée de M. Cours et la crise sanitaire…

Oui. Il y a eu le départ coup sur coup du directeur opérationnel et ensuite de son adjointe. Vous savez j’ai 73 ans. J’ai l’expérience de la vie. Un homme est un homme. Il peut y avoir des difficultés dans sa vie… Mon seul souci aujourd’hui, c’est de redresser les thermes et d’y maintenir ses 430 emplois. Je ne comprends pas toutes ces péripéties.

Balaruc, c’est la première station de France ; n’est-ce pas trop gros pour votre municipalité ?

Non, ce n’est pas trop gros. C’est possible de gérer cette station ; d’ailleurs nous l’avons fait jusque-là avec un certain succès. Il suffit que chacun soit à sa place. Nous allons organiser un conseil municipal extraordinaire dans huit jours. L’idée c’est de se doter d’un président du conseil d’administration qui sera un élu de Balaruc pour remplacer Thierry Cours. Et nous allons chercher et trouver un directeur de haut niveau.

Pensez-vous devoir être aidé par une collectivité plus importante ?

La commune de Balaruc possède 85 % des actions de la société. J’ai demandé à Carole Delga d’entrer au capital ou au moins de reprendre la seule action que détient le département de l’Hérault qui a, depuis, perdu la compétence économique. elle m’a répondu qu’elle ne pouvait pas le faire sinon à s’exposer à d’autres demandes d’autres société locales comme la nôtre. Mais on peut gérer comme nous sommes. J’en suis persuadé. On a géré pendant neuf exercices. On peut continuer. Nous avons quand même mis en place un accord d’entreprise en redistribuant 1,6 M€, en donnant une 6e semaine de congé par an ; en multipliant par deux ou trois les jours fériés, etc. Et je peux continuer la liste.

Propos recueillis par Olivier SCHLAMA

  • (1) Recontacté ce vendredi soir, Thierry Cours ne veut pas en dire davantage que c’est un problème de gouvernance. Gérard Canovas connaît très bien le noeud du problème. “Pour faire suite à notre échange téléphonique, je vous confirme que j’ai bien l’intention de communiquer sur les raisons qui m’ont contraint à démissionner. Nous travaillons un texte sur ce sujet avec mon avocat. Je reprends contact avec vous dans le courant de la semaine prochaine”, nous a-t-il dit.

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