2022 avait bien commencé… : “En Occitanie, on crée des emplois et les salaires augmentent…”

Selon l’organisme de recouvrement des cotisations, l’Urssaf, la région a bien résisté à la crise, jusqu’au 2e trimestre. “Dans l’ex-Languedoc-Roussillon, expliqueNoémie Joubert, on avait perdu 18 000 emplois pendant la crise. Non seulement ils ont été récupérés mais on en a créé 17 000 de plus !” Le secteur le plus porteur ? “Hôtellerie café, restauration.”

Attention, télescopage avec l’actu ! Crises en tous genres, moral des ménages et des entreprises en berne… En fait, cela ne fait que quelques semaines que l’économie est plombée. Mais, jusqu’en août, c’était le Nirvana ! Noémie Joubert est directrice de l’Urssaf pour l’Hérault. Donc aux premières loges pour observer la situation économique. L’Urssaf, c’est l’organisme qui reçoit les cotisations de sécurité sociale. Quand elles grimpent, c’est que l’emploi fait de même.

“L’Occitanie a bien résisté à la crise sanitaire…”

Si les crises ne s’abattaient pas sur le pays, “l’Occitanie serait l’une des régions les plus dynamiques en termes d’emploi, confirme Noémie Joubert. On y crée des entreprises, des emplois qui sont mieux rémunérés et on est plutôt sur de l’emploi pérenne. L’Occitanie a bien résisté face à la crise sanitaire et ses conséquences”.

Six trimestres consécutifs de hausse des effectifs

Noémie Joubert, directrice de l’Urssaf de l’Hérault. DR

L’Hérault compte 308 000 salariés dans le secteur privé, l’Occitanie 1 476 000. Noémie Joubert dit : “On est sur une dynamique positive : cela fait six trimestres consécutifs de hausse des effectifs, que l’emploi augmente dans la région. Et c’est valable partout en Occitanie, dans chacun des treize département de la région. On compte environ + 10 % d’emplois créés que ce soit dans l’Hérault – où le salaire moyen atteint 2 518 euros, au-dessus de la moyenne régionale – ou en ex-Languedoc-Roussillon, entre 2019 et le deuxième trimestre 2022.” 

Plus de 40 000 postes créés

Cela représente, dans l’ex-Languedoc-Roussillon, 19 843 postes créés sur un an et 35 635 depuis le début de la crise covid. L’évolution est particulièrement marquée dans les secteurs de l’hébergement-restauration (+ 11,4) et du commerce (+ 6,2). Noémie Joubert complète : Sur une année, en Occitanie, l’emploi a progressé de + 2,8 %, soit un peu plus de 40 000 postes créés. Ce qu’il faut avoir en mémoire c’est qu’au plus fort de la crise sanitaire, 46 000 postes avaient été perdus. Donc, non seulement, ces postes ont été retrouvés mais on va au-delà. Par rapport au dernier trimestre 2019, en ex-Languedoc-Roussillon, l’emploi a évolué de + 5,9 %.” 

Cela ressemble à une explosion de l’emploi ! “Si on se focalise sur l’ex-Languedoc-Roussillon, reprend Noémie Joubert, où l’on avait perdu 18 000 emplois pendant la crise, non seulement ils ont été récupérés mais on en a créé 17 000 de plus !” Le secteur le plus porteur ? “Hôtellerie café, restauration.” 

L’essentiel des embauches en CDI

Quant aux emplois créés, ce sont “essentiellement des CDI, pour presque un contrat sur deux”. Autre signe positif, c’est l’évolution de la masse salariale. “L’Occitanie est la région de France la plus dynamique avec + 13,8 % dans l’ex-Languedoc-Roussillon par rapport à 2019 (avec une moyenne nationale de 9,5 %).”

Comment expliquer cette embellie ? “Plusieurs facteurs jouent. On a une structure de l’emploi beaucoup plus variée, notamment en ex-Languedoc-Roussillon ce qui nous a permis de mieux résister à la crise ; il y a eu une attractivité des territoires, notamment sur le littoral français, Paca, Aquitaine, ex-Languedoc-Roussillon. Ce qui a généré un marché de l’emploi plus favorable. Par le jeu de l’offre et de la demande, de la concurrence, les entreprises ont augmenté leurs niveaux de rémunération.” Ce qui est intéressant de savoir dans le contexte de manifestation de la vie chère. Et sur le trimestre précédent, “la hausse des salaires a été globalement plus rapide que la hausse de l’inflation. Maintenant, on sait aussi que cela dépend des secteurs d’activité”.

Même dynamique pour les travailleurs indépendants

Et pour les travailleurs indépendants ? “Il y a eu la même évolution : sur l’ex-Languedoc-Roussillon, précise Noémie Joubert, on enregistre + 9 % d’évolution, soit un peu plus de 50 000 travailleurs indépendants supplémentaires, dont 12 000 (sur un effectif total de 120 000) rien que dans l’Hérault.”

Même les salaires sont à la hausse !

Quant à cet été 2022, les chiffres se sont envolés, si on regarde les déclarations préalables à l’embauche dont est destinataire l’Urssaf. “De janvier à août 2022 comparativement à la même période en 2019, on est sur + 19 % en ex-Languedoc-Roussillon. C’est très important.” Ce n’est pas tout. Dans l’ex-Languedoc-Roussillon, “le salaire moyen s’accroît de + 1,5% sur trois mois avec 2 431 euros mensuels, soit une augmentation multipliée par deux par rapport au premier trimestre (+ 0,7%). Sur un an, le salaire moyen croît de 7,1 % en ex-Languedoc-Roussillon, soit quasi autant qu’au niveau national (+ 7,2%), l’inflation atteignant sur la même période + 6 %.

Travail au noir : 20 M€ de redressement signifié

Que représente le travail au noir ou dissimulé ? “Nous n’avons jamais arrêté les contrôles. On a multiplié dans les quatre dernières années nos résultats de 2, 5 % Dans l’ex-Languedoc-Roussillon, cela correspond à 20 M€ de redressement signifié depuis le début de 2022, dont 13 M€ dans l’Hérault.” Notamment dans le BTP, la sécurité, etc.

Presque rien n’échappe aux croisements de fichiers de l’administration et de datas… “Sur les 20 M€ de redressement signifiés, 16 M€ concernent les entreprises mais 4 M€ concernent les travailleurs indépendants, y compris des micro-entrepreneurs qui, parfois, minorent leur activité.” Le montant des redressements peut être important : “Nous en avons eu un de presque 200 000 € en 2021 sur un micro-entrepreneur.”

La dynamique ralentit, la construction décroît…

On croyait qu’il y avait une crise ! “Si on regarde le premier trimestre 2022, il n’y en a pas. Après, il faut faire preuve de prudence. La dynamique ralentit. Et un secteur commence à décroître en termes d’emplois : la construction mais on est encore à + 3,5 % depuis la crise. On entend les difficultés de recrutement, la hausse des matières premières, du prix de l’énergie. On reste dans une situation de vigilance et une posture de bienveillance aussi vis-à-vis des entreprises et des travailleurs indépendants.”

“N’attendez pas si vous avez des difficultés à venir nous voir pour que l’on trouve une solution ensemble”

Noémie Joubet explique : “Nous avions mis un dispositif exceptionnel pendant la crise sanitaire qui nous a permis de jouer notre rôle d’amortisseur social : on a très peu “perdu” d’emplois, finalement. Et tout ce que l’on avait mis en place, avec des échéanciers (85 % sont respectés) et des aides, notamment, a eu l’effet escompté : 95 % des entreprises paient leurs échéances dans les délais. Le taux d’impayés est encore légèrement supérieur à celui d’avant-crise, de l’ordre de 2,25 % mais qui s’améliore chaque mois. Le message que l’on fait passer, c’est : “N’attendez pas si vous avez des difficultés à venir nous voir pour que l’on trouve une solution ensemble. On est en lien avec la Banque de France, le fisc, le tribunal de commerce pour prévenir les difficultés. On peut créer des plans communs pour un échéancier social et fiscal.”

Olivier SCHLAMA

L’Aude et les Pyrénées-Orientales, les plus dynamiques en Occitanie

L’emploi salarié reste dynamique au deuxième trimestre dans l’Aude, les Pyrénées-Orientales et la Haute-Garonne, avec des hausses comprises entre +0,6 % et +0,9 %. Dans ces trois départements, il s’agit du sixième trimestre consécutif de croissance des effectifs salariés. Sur un an, la progression de l’emploi atteint +3,7 % et +3,9 % dans les deux départements languedociens. En Haute-Garonne, les créations de postes sont importantes ce trimestre dans l’hébergement-restauration mais concernent aussi l’industrie dont les effectifs progressent de 0,6 % sur trois mois.
Dans l’Hérault et le Gard, l’emploi croît également pour le sixième trimestre consécutif mais les créations de postes ralentissent nettement au deuxième trimestre : +0,3 % sur trois mois dans l’Hérault après +1 % au trimestre précédent, et +0,1 % dans le Gard après +0,5 %.

  • Dans le Tarn-et-Garonne, les effectifs marquent le pas ce trimestre (‐0,1 %) après cinq trimestres de hausse.
  • Dans le Lot, le Tarn et le Gers, l’emploi est quasiment stable sur l’ensemble du premier semestre. La zone de Figeac‐Villefranche est toutefois l’unique zone d’emploi d’Occitanie en déficit de postes sur un an (‐1 %).
  • L’emploi enregistre un léger rebond ce trimestre dans l’Aveyron (+0,4 %) et les Hautes-Pyrénées (+0,2 %), après un recul au premier trimestre. En glissement annuel, l’Aveyron reste cependant le département dont l’emploi progresse le moins en Occitanie (+1,1 %).
  • Enfin, l’Ariège perd des postes au deuxième trimestre (‐0,4 %) et cette baisse est la plus marquée parmi l’ensemble des départements au plan national.