Télévision : Lou Chauvain, du théâtre à Dix pour cent

Lou Chauvain; photo D;-R.

On l’a vue dans la mini-série Peplum, sur M6 et plus récemment dans la saison 2 de Dix pour cent sur France 2, mais la jeune comédienne a bien d’autres cordes à son arc… Et si elle se fait de plus en plus présente au cinéma, elle conserve cependant son amour pour le théâtre qui l’a vue débuter et pour le sud, qui l’a vue naître. Rencontre :

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ? Comment en êtes-vous arrivée au métier de comédienne ?

J’ai commencé à faire un peu de théâtre assez tard, fin collège. J’étais en classe à horaire aménagées musique et danse parce que ma mère rêvait qu’on soit danseuse avec ma sœur mais ce fut, malheureusement, un énorme raté ! Moi j’avais envie de faire du théâtre sauf qu’on avait déjà un emploi du temps bien chargé. Puis je me suis inscrite dans un petit atelier de théâtre où mon professeur m’a parlé d’un nouveau festival qui se montait à Collioure (Pyrénées-Orientales, NDLR) dans le château Royal. Il m’a proposé de me présenter au metteur en scène pour que je fasse de la figuration.

Du coup j’ai rencontré Fabrice Eberhard qui faisait un festival sur Molière, j’ai joué et j’ai été piquée. L’année d’après il m’a offert un petit rôle, puis un plus important l’année suivante et c’est comme ça que ça s’est fait. On a bien accroché avec ce metteur en scène et il m’a proposé d’aller sur Paris après le lycée où je continuais l’option théâtre. Je n’ai pas voulu parce que j’avais un peu peur alors j’ai fais une école à Montpellier. Enfin, j’ai fini par rejoindre la capitale en étant convaincue que c’était ce que je voulais faire de ma vie.

Vous alternez entre cinéma, télévision et théâtre, quelle est votre préférence ?

Mon cœur est vraiment au théâtre. C’est le métier que j’ai choisi de faire à l’origine. Interprète de cinéma, à la télé ou au théâtre c’est très différent. Cinéma et télé bien sur c’est aussi jouer, mais le rythme reste tout de même différent. Après le conservatoire de Paris, j’ai trouvé un agent, j’ai commencé à tourner un peu, à faire de supers rencontres et c’est sûr que je me régale. Mais mon idéal serait de ne faire que du théâtre.

On a pu vous voir dans la pièce Je descends souvent dans ton cœur avec Flore Grimaud en 2016, mais également au sein du collectif Berliner Mauer : Vestiges. Quelles sont vos projets au théâtre en ce moment ?

J’étais dernièrement en tournée pour Lettre à Elise mis en scène par Elie Truffaut. Je joue également dans la pièce Hotel Feydau de Georges Lavaudant, qu’on représentera d’ailleurs à Sète à l’automne. Puis avec mon collectif Berliner Mauer, on commence à écrire la suite. Là c’est l’autoroute jusqu’à juillet pour Avignon car Olivier Py, directeur du festival, nous programme dans le « in » du 6 au 14. On écrit deux spectacles à partir de la chute du mur de Berlin et la chute du communisme jusqu’à aujourd’hui : un qui sera sur le siège de Sarajevo et un autre sur la crise à Athènes. On est super contents et on a clairement de quoi plancher !

Comment êtes-vous passé de la scène à la télévision ?

Juste avant de rentrer au conservatoire, j’ai intégré l’agence Talent Box et c’est ce qui m’a permis de décrocher plusieurs castings. Puis c’est vrai que le conservatoire m’a aussi aidée à rencontrer des gens, à accéder une « petite marche » dans le milieu.

On vous verra dans la seconde saison de Dix-Pour-cent qui sera diffusée à partir du 19 avril sur France 2, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le rôle que vous interprétez ?

C’est juste le temps d’un épisode, mais c’est Jeanne Herry qui réalise cette saison et elle m’a fait passer des essais pour un rôle qui s’est finalement avéré être trop âgé pour moi. Donc je joue un autre petit rôle dans une scène avec Camille Cotin.

Vous avez incarné Lydia dans la série Peplum sur M6. Malgré le succès au démarrage, la série n’a connu qu’une seule saison. Cette expérience a-t-elle tout de même été un tremplin pour votre carrière ?

Oui, quand même. Par exemple, pour le film Juillet-Aout, j’ai rencontré Diastème qui avait apprécié mon jeu mais pas forcément la série. Comme quoi, ça sert toujours. C’était une bonne expérience parce que c’était un long tournage, j’avais le temps d’avoir très peur mais aussi le temps de me rassurer. Le rythme de la télévision est particulier au vu du minutage qui est conséquent. Par rapport à ma préférence pour le théâtre, c’est surtout qu’en ce qui concerne le milieu télévision/cinéma, je ne suis pas encore calme. Je ne suis pas encore « chez moi » et l’idée d’être enfermée dans une boite m’angoisse un peu. Au théâtre, quand je finis ma réplique, je suis déjà dans le souvenir, dans le sens où c’est instantané. Alors qu’au cinéma, à force de refaire les prises, on finit par s’écouter quand on joue.

Vous avez joué en 2015 dans Le Grand Jeu aux cotés de Melvin Poupaud, André Dussolier et Clemence Poésy. On aura l’occasion de vous voir sur grand écran avec Charlotte Gainsbourg et Pierre Niney en 2017 pour l’adaptation du livre de Romain Gary : La promesse de l’aube puis dans Le Doudou avec Kad Merad. Qu’est-ce que cela vous procure de partager l’affiche avec des pointures du cinéma français ?

C’est sûr que c’est un peu impressionnant, parfois, mais ça donne du courage. Ce sont des gens qui te mettent en confiance, c’est moteur. Ça m’a aidée à me sentir plus à l’aise et au début on se dit « Oh mon dieu, je vais lui donner la réplique ! », on panique un peu mais on passe outre et on se rend compte que c’est une personne comme une autre. C’est le boulot…

En 2010, vous recevez le prix Silvia Monfort qui récompense une jeune tragédienne tous les deux ans. Que vous a apporté cette consécration ?

J’étais vraiment trop contente de recevoir ce prix ! Ca faisait peu de temps que j’étais sur Paris et j’étais à l’ESAD, l’école supérieure d’Art dramatique, dirigée par Jean Claude Cotillard qui est un disciple du mime. Du coup les cours était axés sur ça, on jouait beaucoup avec des masques, on jouait des clowns et on ne parlait pas. J’étais très frustrée et en même temps, dès que je parlais on me reprenait pour mon accent du sud. On me disait que je serai cantonnée aux rôles avec des accents prononcés, j’étais loin d’être une tragédienne dans l’esprit des gens. J’ai donc décidé de m’inscrire pour ce prix en me disant que je bosserai comme une folle pour l’obtenir.

J’ai passé le premier tour et j’ai fini par le gagner. C’était symbolique pour moi car dans le public, il y avait mes parents qui me voyaient jouer pour la première fois et j’avais l’impression que ça représentait une autorisation. Maintenant je sais que je peux jouer autant la comédie que la tragédie et au final, avec l’un on rit alors qu’avec l’autre on pleure mais on tire les mêmes fils, le travail est identique. Après je reste fière de mon accent parce que je sais que je peux le perdre et quand Eric Barbier, réalisateur de La promesse de l’Aube, m’a proposé le rôle de Mariette, la fille du sud, j’étais ravie !

Quelle est justement votre attachement au sud ? Voudriez-vous revenir jouer dans votre région natale ?

Il n’y a qu’à regarder ma tête en ce moment même ! (immense sourire). Mes racines, je les sens ici. Même si je suis née à Perpignan, quand on me demande d’où je viens, je réponds Sète. La mer, le soleil et pas que… C’était un peu difficile les premières années sur Paris, on m’avait dit qu’il me faudrait six mois pour m’habituer et deux ans pour que Paris me manque et pourtant, là je passe quelques jours à Sète et je ne vais pas vraiment y penser… Mais maintenant je me sens bien à Paris, la qualité de vie n’est pas la même, mais tout ce que j’y vis est grisant. Après, j’adorerai revenir jouer ici, ce serait mon rêve !

Propos recueillis par Norma MOURET