Le mystère du crâne noir du chevalier Bayard résolu grâce à l’ADN et au FBI

La preuve par l’ADN : un lointain descendant du fameux chevalier Bayard confirme que le crâne noir découvert, en 1937, dans l’Isère, est bien celui du “Chevalier sans peur et sans reproche”. Un logiciel du FBI lui a même donné un visage.

Ce crâne c’est celui du Chevalier Bayard

Un étrange crâne noir, un scientifique controversé, l’ADN d’un journaliste grenoblois et un logiciel de reconnaissance faciale du FBI : les ingrédients de l’épopée posthume du héros des guerres d’Italie la rendent aussi fascinante que rocambolesque.

Le 2 mars dernier, dans un luxueux hôtel de Montpellier, dans l’Hérault, Jean-Christophe Parisot de Bayard, le très lointain descendant de Pierre de Terrail, seigneur de Bayard, a mis -provisoirement – un terme au suspense qui agite les milieux historiques depuis des années : « Il nous manquait une dernière preuve, celle de l’ADN mitochondrial (l’ADN transmis par les femmes, NDLR), pour prouver que ce crâne était bien celui du chevalier Bayard. C’est chose faite. On est allé jusqu’au bout des analyses génétiques », a expliqué un très ému Jean-Christophe Parisot, qui porte le glorieux patronyme du célèbre compagnon d’armes de François Ier, depuis seulement cinq ans.

C’est en 2012 que ce préfet et romancier passionné d’histoire médiévale tombe, par hasard, sur le crâne supposé de son ancêtre dans un simple carton anonyme, les restes de trois hommes sont entreposés sans chichis, dans un coin des archives départementales de Grenoble. Il y sont depuis 1937, date à laquelle on a retrouvé trois cercueils non identifiés, dans une église de l’Isère. Premier constat : un des trois crânes (auquel il manque une partie du visage) est noir. La stupéfiante couleur sombre des ossements trouvera rapidement une explication : c’est du fer qui a donné cette teinte aux ossements. La personne à qui appartenait ce crâne a donc été enterrée avec un casque et une armure. La piste du chevalier sans peur et sans reproche, mort au combat d’un coup d’arquebuse, en Italie en 1524, prend son élan.

Un scientifique controversé

Problème : Jean-Christophe Parisot de Bayard n’est pas un descendant en droite ligne du chevalier. Or, pour bien faire, il faut comparer l’ADN, prélevé dans une dent du crâne, à celui d’un descendant direct d’une fille du personnage historique (puisque l’ADN masculin mute à chaque génération, alors que l’ADN féminin, lui, ne mute que tous les 500 ans).

Bayard, l’ADN parle

C’est finalement le journaliste Philippe Repelin, descendant en droite ligne de Jeanne, la fille illégitime du seigneur trépassé au XVIe siècle, qui donnera un échantillon d’ADN, en 2016.

Dans la foulée, les travaux d’analyse sont confiés à un spécialiste des questions génétiques, le professeur Gérard Lucotte, fondateur de l’obscur « Institut d’Anthropologie génétique moléculaire de Paris », L’homme est controversé, au sein même de la communauté scientifique : cet ancien chercheur du CNRS, passionné par les reliques de Jésus, croit, notamment, à l’origine génétique des races humaines. Autant dire que ses travaux vont très certainement faire l’objet de houleux débats et de contre-expertises diverses.

Un colosse au menton en galoche

Pour l’heure, l’analyse génétique a permis d’identifier cinq marqueurs génétiques en faveur de l’hypothèse Bayard : la teinte pâle de la peau, le châtain des cheveux, la couleur sombre des yeux et une figure anguleuse.

Le chevalier Bayard était donc un colosse au teint blême, mesurant plus ou moins 1m90 : un homme très puissant, au nez épaté et au menton en galoche. C’est un logiciel de reconnaissance faciale du FBI qui a permis de combler les parties manquantes du crâne étudié et d’offrir un visage au gentil – quoique effrayant – seigneur de Bayard.

Aujourd’hui, ce qu’il reste du chevalier est toujours stocké dans un carton à Grenoble. L’aventure est donc loin d’être terminée, pour Jean-Christophe Parisot de Bayard qui entend bien donner une sépulture ainsi qu’un gisant à son fameux ancêtre. Il lui reste à présent à batailler avec l’administration française, afin qu’on le nomme officiellement et définitivement gardien des ossements du preux chevalier.

Rosanne MATHOT

Né en Isère vers 1475, Pierre Terrail de Bayard devient célèbre dès l’age de 17 ans grâce à sa bravoure et ses faits d’armes lors de toutes les guerres d’Italie qui seront menées par Charles VIII, Louis XII et François Ier. C’est d’ailleurs Bayard qui a armé ce dernier chevalier, à l’issue de la Victoire de Marignan, en 1515. Il meurt, en couvrant la retraite des Français, lors de la sixième Guerre d’Italie, en 1524.