Environnement : le niveau des mers en hausse constante depuis 20 ans

La Méditerranée, un recours quand la neige n'est pas au rendez-vous des Pyrénées... Photo : BIM, MaxPPP, Dominique Quet.

La mer monte et ça s’accélère. Une étude internationale qui vient d’être publiée menée par un laboratoire toulousain, le Lagos, arrive à cette conclusion alarmante pour notre environnement qui concerne également nos côtes méditerranéennes.

La Méditerranée n’y échappe malheureusement pas. Et notre environnement va en souffrir davantage. Le niveau des mers et des océans pris dans leur ensemble monte à un rythme qui s’accélère jusqu’en 2015 de 25% à 30% plus vite qu’entre 1993 -début des observations satellites- et 2004. C’est la conclusion alarmante d’une étude menée par la Toulousaine Anny Cazenave. L’équipe franco-suisse qu’elle a conduite du Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (Lagos), à Toulouse, vient de le publier dans la dernière édition de la revue Geophysical Research Letters.

Optimisme en trompe-l’oeil

“Jusqu’à maintenant, confie Anny Cazenave, ce phénomène était sous-évalué du fait d’un problème de mesure du seul satellite à notre disposition et dont l’électronique est vieillissante (depuis il y en a cinq en orbite). Nous avons réussi à estimer cette dérive beaucoup plus précisément parce que nous avons rassemblé toutes les données disponibles sur les différentes contributions à l’élévation du niveau marin : dilatation thermique des océans ; ce qui le fait mécaniquement monter, fonte des glaces continentales, perte de glace des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique, volume des retenues d’eau douce et barrages, etc.” Cette hausse est due, en grande partie, à la fonte des glaces au Groënland. A ces constatations et ces moyennes globales, se superposent des variabilités régionales. “La Méditerranée et la façade atlantique françaises sont touchées au même titre que l’Océan austral, le Pacifique tropical où le rythme de montée des eaux est fort : il est de l’ordre de 0,8 mm par an”, confie-t-elle encore.

“Nous avons réussi à prouver que, au final, lors de la 2e partie de notre période d’étude (1993-2004) que l’élévation s’accélère. Elle est passée de 2,6 mm par an en moyenne sur l’ensemble des mers du globe à 3,5 mm la décennie suivante (2004-2015). C’est une relative bonne nouvelle puisque la tendance globale sur l’ensemble de deux décennies est de 3 mm par an contre 3,3 mm, valeur communément admise par la communauté scientifique mondiale. Mais, en réalité, c’est un optimisme en trompe-l’oeil : cette accélération ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin…

OLIVIER SCHLAMA