Démographie : Vers 7 millions d’habitants en 2050 en Occitanie

L'Occitanie va passer de 5,9 millions d'habitants à près de 7 millions. Dont une bonne partie vont continuer de se concentrer à Toulouse et Montpellier Photo : ©BIM/Dominiuqe Quet/MAXPPP.

Dans une large enquête sur la démographie rendue publique le 22 juin, l’Insee l’affirme : “Tous les départements d’Occitanie gagneraient de nombreux habitants d’ici 2050. La population continuerait de se concentrer en Haute-Garonne et dans l’Hérault, qui seraient les seuls départements à compter plus de naissances que de décès. L’Occitanie compterait 6,9 millions d’habitants en 2050 contre 5,7 millions aujourd’hui et deviendrait ainsi la 3e région la plus peuplée et la 2e plus forte croissance du pays. La France compterait, elle, alors 74 millions d’habitants. L’augmentation de population serait portée quasi exclusivement par l’excédent migratoire. Explications.

À partir de 2040, la région Occitanie compterait même plus de décès que de naissances. C’est ce que l’on appelle un solde négatif qui marque une bascule dans le modèle qui n’avait pas été mis à jour depuis 2010.  Le principal auteur de l’étude de l’Insee, Benoît Mirouse avance : “Toujours vigoureuse en 2050, la croissance démographique serait cependant deux fois moins forte que celle observée aujourd’hui en passant de + 44 000 habitants en 2013 à seulement +22 000 habitants par an. Cela serait dû d’abord donc au solde naturel (le nombre de naissances serait inférieur au nombre de décès) car la génération du baby-boom va s’éteindre massivement et, dans le même temps, l’excédent migratoire se tassera”. Pour autant, “ce vieillissement de la population serait cependant moins rapide que dans les autres régions”. Benoît Mirouse va plus loin : “Le poids des plus de 65 ans sera terrible passant de 20%  de la population à 30% de la population : les pouvoirs publics vont devoir anticiper pour équiper la société en conséquence.”

33 800 habitants supplémentaires par an depuis 2013.

L’institut de la statistique précise : “A l’exception des Hautes-Pyrénées, tous les départements d’Occitanie gagneraient de nombreux habitants. La population continuerait de se concentrer en Haute-Garonne et dans l’Hérault, qui seraient les seuls départements à compter plus de naissances que de décès. “La concentration actuellement à l’oeuvre va donc s’accentuer. Ces deux départements qui sont déjà les plus jeunes et les plus peuplés vont accroitre également les disparités à l’oeuvre dans les autres départements, précise Benoît Mirouse. Le nombre de seniors augmenterait fortement dans tous les départements, alors que le nombre de personnes d’âge actif diminuerait dans neuf départements sur treize.

PHOTO : BIM/Dominique Quet. La place de la Comédie à Montpellier se remplira encore…

L’Occitanie compterait 6,9 millions d’habitants en 2050, soit 33 800 habitants supplémentaires par an en moyenne depuis 2013. Cela représenterait une croissance de + 0,5 % par an, contre + 0,3 % pour la France. L’Occitanie deviendrait ainsi la 3e région la plus peuplée en 2050. La Haute-Garonne serait même le 2e département de métropole le plus dynamique (+ 0,8 % par an). La concentration des habitants dans les deux départements déjà les plus peuplés en 2013 se poursuivrait ainsi, en lien avec l’expansion des aires urbaines de Toulouse et Montpellier.
Cette augmentation de population serait portée quasi exclusivement par l’excédent migratoire. L’excédent naturel diminuerait quant à lui d’année en année, avant de chuter à partir des années 2030. À partir de 2040 la région compterait même plus de décès que de naissances. La croissance serait alors toujours vigoureuse (+ 25 100 par an entre 2040 et 2050), mais deux fois moins forte que celle observée aujourd’hui (+ 52 800 par an entre 2008 et 2013). La chute du solde naturel expliquerait en partie seulement le ralentissement de cette croissance : l’excédent migratoire aurait aussi tendance à se tasser.

Un vieillissement de la population moins rapide qu’ailleurs

L’augmentation du nombre d’habitants concernerait toutes les classes d’âge dans la région. Elle serait néanmoins surtout portée par les seniors (65 ans ou plus), dont le nombre augmenterait de 0,9 million d’ici 2050. Le nombre de personnes de moins de 20 ans (+ 0,1 million) et de 20 à 64 ans (+ 0,2 million) augmenterait en effet peu. Les seniors représenteraient ainsi 29 % des habitants de la région en 2050, contre 20 % en 2013.

 “L’arrivée de nouveaux habitants, et parmi eux des jeunes, permet néanmoins de limiter l’augmentation du poids des seniors par rapport aux autres régions : de 4e région de métropole la plus âgée en 2013, l’Occitanie serait 7e en 2050″, précise l’auteur de l’étude.

La population d’âge actif diminuerait dans 9 départements

Le nombre de seniors augmenterait fortement dans tous les départements. A contrario, le nombre de personnes d’âge actif (de 20 à 64 ans) n’augmenterait que dans quatre départements (Haute-Garonne, Hérault, Tarn-et-Garonne, Pyrénées- Orientales) et diminuerait partout ailleurs.

Les disparités actuelles vont s’accentuer. Exemple : le Lot, département le plus âgé d’Occitanie en 2013, est celui dont la part des 65 ans ou plus augmenterait le plus (+ 14 points en 2050 par rapport à 2013). La Haute-Garonne, département qui compte déjà le moins de seniors dans la région en 2013, est celui dont leur part augmenterait le moins (+ 6 points). Classé 11e département de métropole avec le moins de seniors en 2013, il passerait au 3e en 2050, derrière la Seine-Saint-Denis et le Rhône.

L’Occitanie est à l’image de l’Hexagone : “D’ici 2050, la population augmenterait dans toutes les régions de métropole, indique l’Insee (…) Dans l’ensemble des régions, cependant, l’arrivée progressive des générations nombreuses du baby-boom aux âges de forte mortalité limiterait la hausse de la population. Les décès deviendraient ainsi supérieurs aux naissances dans de nombreuses régions. Par ailleurs, la population vieillirait dans toutes les régions.

Enfin, si les prévisions se vérifient, la France compterait 74 millions d’habitants en 2050, soit 8,2 millions de plus qu’en 2013. Dans certaines régions, en particulier à l’Ouest et au Sud du pays, la croissance serait plus soutenue que la moyenne nationale. Entre 2013 et 2050, elle serait d’au moins 0,5 % par an en Corse, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et dans les Pays de la Loire.

Les deux premières régions du pays conforteraient leur place: l’Île-de-France compterait 13,2 millions d’habitants (12,0 millions en 2013) et l’Auvergne-Rhône-Alpes 9,5 millions (7,8 millions en 2013).

Décès supérieurs aux naissances dans la plupart des régions

À l’échelle nationale, la contribution du solde naturel à la croissance de la population se réduirait très nettement d’ici 2050. Toutes les régions seraient concernées en raison de la forte hausse des décès dans les années à venir, avec l’arrivée aux âges de forte mortalité des générations nombreuses du baby-boom. Les décès deviendraient même supérieurs aux naissances pour la plupart des régions, atténuant ainsi la croissance démographique.

Le nombre de personnes de 65 ans ou plus croîtrait fortement d’ici 2050, à plus de 20 millions de personnes de 65 ans ou plus, soit 8,6 millions de plus qu’en 2013. Cette population sénior augmenterait nettement plus que l’ensemble de la population, notamment en Occitanie.

Olivier SCHLAMA