Consommation : prix maitrisé, la pêche veut retrouver sa saveur de l’été

La pêche d'Occitanie se porte bien. Photo : Pêches et Abricots de France

Bonne nouvelle : les prix ne flamberont pas. C’est l’un des enseignements du plus grand jardin méditerranéen, le salon Medfel, à Perpignan, qui s’est tenu du 25 au 27 avril. Basée à Perpignan (P.-O.), Saint-Charles Export, l’une des plus importantes plate-forme de fruits et légumes en France, était représentée en force à cette grand-messe, du 25 au 27 avril, avec 56 entreprises (43 l’an dernier) présentes sur cet espace de 550 m², reparties en stands individuels ou sur le tout nouvel espace collectif créé spécialement pour cette édition 2017. Un vrai succès parmi les importateurs-exportateurs. C’est en partie  là que sont dévoilées prévisions de récolte et fourchette de prix que le consommateur paiera.

La pêche ne l’a pas perdue. Dans les allées du salon professionnel Medfel (Méditerranée, fruits et légumes), les 6362 visiteurs venus de toute la planète et enregistrés lors de cette 19e édition a attiré les visiteurs en nombre, avec notamment 120 acheteurs VIP recrutés par Sud de France Développement parmi les grands comptes de la distribution européenne des fruits et légumes frais. Ils venaient majoritairement d’Europe, d’Afrique, voire de destinations plus lointaines, avec par exemple l’Azerbaïdjan, qui souhaite créer de nouvelles plateformes de distribution. La fréquentation est à nouveau en hausse, de l’ordre de + 4%, avec un deuxième jour particulièrement intense.

Mais où est donc passé le goût de la pêche ? Les producteurs y travaillent. Photo : Pêches et Abricots de France

Avec 250 exposants et plus de 5 000 rendez-vous en “B to B”, “c’était une bonne édition. Certes, nos principaux concurrents espagnols et italiens n’ont pas voulu donner leurs prévisions de récolte probablement parce qu’ils vont faire d’autres salons et ne veulent donc pas tout dévoiler aujourd’hui”, relate Raphaël Martinez. Le directeur de la fédération fruits et légumes d’Occitanie, pêches et abricots de France s’en fiche comme de son premier noyau : “La France produit désormais 200 000 tonnes de pêches par an soit 10% des deux millions de tonnes produites dans l’Union européenne. Notre filière s’est repliée sur le marché français et s’en porte bien. Nous avons trouvé un certain équilibre avec la grande distribution.” L’Occitanie est leader en France dans la production de pêches qui génère 120 000 tonnes par an sur les 200 000 récoltées dans l’ensemble de l’Hexagone.

Mais où est passé le goût de la pêche ?

“La saison de l’abricot commence à peine. La pêche, elle, arrivera sur les étals d’ici un mois. On espère que le prix public affiché tournera autour des 2,50 euros/2,60 euros le kilo en grande distribution, avec des pointes de prix qui iront jusqu’à 3,50 euros mais pour des produits de niche, de grande qualité”, confie Raphaël Martinez. Le prix est maîtrisé. Certes, mais une autre équation menace la production. Et l’envie d’été des consommateurs qui se tournent de plus en plus vers les circuits courts pour apprécier une pêche qui offre ses arômes quand elle est cueillie à pleine maturité. Car, en chemin, la pêche a perdu son goût ! Mais où est-il donc passé ? “Le goût de la pêche ? Une grande question dont les professionnels ont pris pleinement conscience, répond Raphaël Martinez. De nombreux consommateurs sont insatisfaits.” Cueillie verte, elles et dure comme de la pierre. Sans saveur. Voire farineuse. “Le but c’est d’essayer d’organiser la filière pour que le fruit soit cueilli à maturité car c’est la maturité qui fait le goût ! ”

Des tests en cours auprès des consommateurs

Les contraintes sont nombreuses : c’est un fruit lourd. Et fragile. La demande est très forte en saison. “Il faut donc tenter d’adapter la logistique à cette maturité. Et même si c’est un casse-tête à organiser, c’est là que nous avons les plus grosses marges de progrès, précise Raphaël Martinez. Ce dernier dévoile même que “des tests sont en cours auprès des consommateurs avec une grande enseigne de la grande distribution”.

A  propos des prix, Eric Hostalnou, de la chambre d’agriculture des PO, souligne que “les producteurs ont eu peur du gel notamment dans le secteur du Conflent et Prades. Mais, au final, plus de peur que de mal. “Dans les PO, dit-il, la filière des fruits et légumes est vivace : il y a plus de 500 arboriculteurs et 300 maraîchers. C’est la première filière devant la viticulture !” Il confirme que “depuis deux ou trois ans, même s’il convient de rester vigilant, nous avons trouvé un équilibre avec la grande distribution. Il espère un prix moyen “autour de 3 euros le kilo de pêche en GMS” et confirme de tendances comme “la pêche plate qui fait son trou mais elle est d’abord d’origine espagnole (…). Pour le prix de l’abricot, c’est plus difficile à savoir, sans doute autour de 3 euros également.” Enfin,  de nouvelles variétés qui arrivent sur le marché : notamment l’abricot rouge. Pour l’instant, nous produisons des volumes très faibles. Et nous devons résoudre des problèmes gustatifs…”

Carole Delga a la volonté de créer un cluster régional

Ce salon a été inauguré en présence de la présidente du conseil régional, Carole Delga, qui a déclaré : « Pour rester compétitif et assurer l’avenir de la filière fruits et légumes, il faut savoir s’adapter, être créatif et innover. Mon ambition est d’inscrire l’Occitanie comme Région d’excellence en matière de transport durable des marchandises, tout en favorisant la compétitivité de nos entreprises. C’est pourquoi je souhaite créer un cluster logistique régional avec l’appui de la plateforme MP² et de Saint Charles International ». Un cluster est un ensemble de services et d’entreprises d’un même secteur. Il s’agit d’avoir une approche globale du secteur. Et d’être plus fort ensemble.

A noter que le Medfel de Perpignan, s’il fait toujours la part belle aux productions du Sud de la France et de la Méditerranée, avec notamment une délégation algérienne présente en force, et un pavillon marocain attractif et très fréquenté, comme à son habitude, a prouvé sa dimension nationale en mettant en avant cette année un produit à l’honneur, la pomme de terre, qui est aussi l’un des produit phare en matière d’export français.

Olivier SCHLAMA